Psychopac. A Bruxelles, eurodéputé·e·s, États membres et Commission peinent à se mettre d’accord sur les grandes lignes de la prochaine Politique agricole commune (PAC). A Paris, ce sont les agriculteur·rice·s qui s’écharpent sur les déclinaisons nationales de cet immense programme.
Première ligne de dépense de l’Union européenne, la future version de la PAC représentera 386 milliards d’euros de budget sur la période 2023-2027. Et la France reste, de loin, la première bénéficiaire, avec une enveloppe de 66,2 milliards d’euros, soit 17% du total (plus de détails sur Toute l’Europe). Alors que les négociations sur la prochaine PAC entrent dans la dernière ligne droite, c’est le paramétrage des « éco-régimes » qui cristallise toutes les tensions : une part du budget total reviendra aux exploitations qui ont les pratiques les plus durables. Reste à savoir lesquelles et dans quelles proportions.
A Bruxelles, les eurodéputé·e·s réclament que les États y consacrent au moins 30% des aides directes aux agriculteur·rice·s. Ce type d’aides constitue le premier pilier de la PAC, et compte pour 80% de son budget. Mais les gouvernements refusent d’aller au-delà de 20%. Vendredi 29 avril, la présidence portugaise de l’Union européenne soumettra une proposition de consensus, partant de 22% en 2023 pour s’élever à 25% en 2025. Mais il faudra encore s’accorder sur les normes environnementales.
Parallèlement, le ministère de l’Agriculture français finalise son « Plan stratégique national », qui sera examiné à Bruxelles cet été. Or, les récentes révélations du ministre, Julien Denormandie, font bondir les agriculteur·rice·s. Mais pour des raisons contradictoires (La Tribune) ! En déclarant, début avril, que l’éco-régime serait accessible à 70% des agriculteur·rice·s français·es, il a contrarié la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
Le premier syndicat d’agriculture « conventionnelle » estime que les exploitant·e·s sont dans une situation trop précaire pour qu’une partie d’entre elles et eux soit exclue de ces aides. De son côté, la Fédération nationale des agriculteurs bio (FNAB) estime que l’extension des aides à une majorité d’agriculteurs se fera au détriment des agriculteurs bio, sans qu’il y ait de véritable encouragement à changer pour les autres. Dans un communiqué du 13 avril, elle assure même que « la France tente discrètement de freiner le développement de la Bio ».