Début juin, les autorités françaises ont découvert un véritable système de destruction organisé d’oiseaux protégés. La scène se déroule dans le Loiret, sur un domaine de chasse de 600 hectares situé à La Ferté-Saint-Aubin (Loiret), en forêt de Sologne. La propriété appartient au milliardaire Olivier Bouygues, fils de Francis Bouygues, fondateur du groupe de BTP, de télécoms et de médias du même nom, et directeur délégué général de l’entreprise.

C’est la procureure de la République d’Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren, et le directeur régional de l’Office français de la biodiversité (OFB), Jean-Noël Rieffel, qui ont relaté les faits mercredi. Leur communiqué commun, paru ce jeudi, indique que «quatre personnes [avaient] été placées en garde à vue» mercredi, dans le cadre d’une enquête pour «atteinte illicite en bande organisée à la conservation d’une espèce animale protégée ou à son habitat» et «destruction, transport et détention illicites d’une espèce animale non domestique». Parmi les gardés à vue : Olivier Bouygues lui-même, ainsi que trois personnes qui travaillent sur son domaine.
Un système de prime
Faucon crécerelle, grande aigrette, busard, grand cormoran… un véritable «charnier», des mots de l’OFB, a été retrouvé sur le domaine. Une personne, qui a souhaité garder l’anonymat, avait dénoncé les faits aux autorités. À l’occasion d’une perquisition, ces dernières ont retrouvé du matériel prohibé, comme des armes ou des pièges à mâchoires, ainsi que des documents listant les espèces à éliminer et retraçant les destructions déjà réalisées. Une pelleteuse utilisée pour l’enfouissement des cadavres d’animaux a aussi été saisie.
Il ressort des investigations que ces pratiques étaient «en cours depuis de nombreuses années sur le domaine de chasse, et se produisent en toute saison, avec une intensification au printemps», ont précisé le parquet et l’OFB. Le tout, avec un «système de prime» pour ceux qui parviendraient à éliminer ces oiseaux. L’unique objectif : «préserver des conditions de chasse au grand et au petit gibier sur la propriété».

«On voudrait que cette affaire serve d’exemple»
Les quatre personnes placées en garde à vue ont été «libérées à l’issue de leurs interrogatoires», ont indiqué les autorités. Mais elles seront «convoquées devant le tribunal correctionnel d’Orléans» pour une audience prévue début mars 2026. Elles encourent jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende. Plusieurs associations de protection de l’environnement ont déjà manifesté leur intention de se constituer parties civiles, comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
«On voudrait que cette affaire serve d’exemple», a réagi le président de cette association, Allain Bougrain-Dubourg, décrivant «un réseau qui vise le profit» et «des comportements extrêmement graves qui nuisent à la biodiversité». Le président de France nature environnement, Antoine Gatet, a estimé que «pour un dossier contrôlé qui va au tribunal, comme celui-ci, beaucoup d’autres ne vont pas au bout, faute de moyens». Et d’ajouter : «Ici, les faits sont très graves.»
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