La présidente de Vert revient sur la présence de polluants éternels dans nos cosmétiques. Des substances hyper résistantes qui s’accumulent dans notre corps et dans l’environnement. Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter le 9 octobre 2024.
Mathieu Vidard : Juliette, on se barbouille de polluants éternels, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
En bon Parisien branché, Mathieu, vous étiez sans doute au défilé de L’Oréal Paris pendant la Fashion week, non ? Rah, jamais dans les bons plans ! Eh bien, je vous raconte.
Parmi les robes et les lingeries, on a vu l’actrice Eva Longoria, égérie de L’Oréal, se déhancher sur le podium, rouge à lèvres à la main, «parce qu’elle le vaut bien».
Problème : notre enquête publiée cette semaine sur Vert montre qu’un certain nombre de produits de la marque Revitalift, dont elle fait la promotion, contiennent… des PFAS.
Les PFAS, vous savez, ce sont des substances très solides, donc hyper résistantes et qui s’accumulent dans notre corps et dans l’environnement. Elles sont utilisées dans les cosmétiques pour leur effet lissant, entre autres.
D’ailleurs, L’Oréal n’est pas seul fabricant à les employer. En concentrant nos recherches sur les principaux commerçants de produits de beauté en France, nous avons découvert plus d’une centaine d’articles qui en contiennent.
On a retrouvé des substances nocives dans des fards à paupières de Kiko, une crème solaire d’Avène, un mascara M.A.C et même, tenez-vous bien, du téflon dans un rouge à lèvres Lancôme.
Et c’est grave docteur ?
Assez, oui ! Je vous ai dit que ces molécules étaient persistantes. Ça veut dire qu’elles se dégradent lentement, ce qui les rend dangereuses pour l’environnement et pour notre organisme.
D’ailleurs, de récentes recherches ont montré que les PFAS pouvaient traverser la peau et s’infiltrer dans le sang.
Ils accroissent ainsi le risque de cancers, de maladies thyroïdiennes, et agissent comme des perturbateurs endocriniens, qui peuvent chambouler notre système hormonal. Pas très glamour tout ça…
En plus, depuis plusieurs années, les ados se maquillent de plus en plus jeunes, et certain•es vont même jusqu’à se ruer sur les magasins Sephora, qui appartiennent au groupe LVMH. À tel point qu’aux États-Unis, une nouvelle tendance a émergé sur TikTok : celle des «Sephora Kids». Or, cette exposition dès le plus jeune âge augmente le risque de perturbation hormonale.
Alors, qu’est-ce qu’on peut faire pour éviter au maximum ces polluants ?
Au printemps dernier, le député écologiste Nicolas Thierry avait proposé une loi pour interdire la fabrication, l’importation et l’exportation des PFAS pour un certain nombre d’usages, dont les produits de beauté. Mais avec la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, le texte n’a pas encore été adopté.
En attendant qu’il le soit peut-être, on peut passer à la loupe les étiquettes de nos produits du quotidien pour vérifier les ingrédients qu’ils contiennent. L’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux a listé 35 molécules les plus couramment utilisées qui rentrent dans la catégorie des PFAS.
Mais c’est un travail assez fastidieux, je vous le concède. Pour celles et ceux qui, comme moi, auraient un peu la flemme de le faire, on peut scanner nos produits avec les applications Yuka et INCI beauty qui intègrent progressivement les polluants éternels à leur système de notation.
Une autre solution reste de se fier aux labels bio, qui sont listés par l’Agence de la transition écologique et qui excluent les PFAS de leur composition, comme Cosmébio, l’Écolabel européen, Ecocert ou encore Nature & Progrès.
Et puis, d’une manière générale en matière de polluants, le produit le plus sain, c’est celui qu’on n’utilise pas. Donc, Mathieu, Cyril, le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est encore de simplifier au maximum votre routine beauté.
📻 Vert est sur France inter ! Tous les mercredis à 14h50, retrouvez une nouvelle chronique d’actualité de nos journalistes Loup Espargilière et Juliette Quef en direct dans la Terre au carré.
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