Piège à sons. Avec À l’écoute du vivant, l’audio-naturaliste Marc Namblard initie son auditoire aux mystérieux bruits de la forêt avec un format de petite conférence écrite qui se laisse dévorer.
Le tonnerre claque, la glace gémit et soupire, les oiseaux chantent : prenez-vous garde au murmure du monde ? À la croisée des chemins entre scientifique et artiste, l’audio-naturaliste Marc Namblard traque les sons du vivant pour en faire de « beaux enregistrements » et les donner à entendre. À l’aide de ses outils – enregistreurs, micros paraboliques, grandes perches -, il confectionne des « pièges à sons » avant d’en percer les secrets.

Le naturaliste capture une diversité insoupçonnée d’ondes sonores : les larves des capricornes font un raffut de tous les diables en grignotant le bois ; les sauterelles et les grillons stridulent – frottent leurs élytres, des ailes durcies, l’un contre l’autre ; les grenouilles rieuses gonflent leur sac vocal pour produire un chant puissant, et le sonneur à ventre de feu – un petit crapaud – fait vibrer tout son corps à la surface de l’eau.
Mais les champions incontestables de la musique de la nature, raconte Marc Namblard, sont les oiseaux qui produisent des sons grâce à leur syrinx. Le chant du troglodyte mignon « rassemble plus de 60 motifs en une succession de trilles et de glissandos amples, parfaitement réguliers », pendant que d’autres espèces, comme le pic, tambourinent. Et les plantes alors ? Elles émettent « d’étranges chuintements ou crépitements qui proviennent de la photosynthèse » et seraient même capables d’entendre les insectes approcher. Une délicieuse plongée dans l’univers fascinant du son qui nous incite à tendre l’oreille et écouter le vivant palpiter.
À l’écoute du vivant, Marc Namblard, Bayard, janvier 2023, 80p, 12,9€.
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