Portrait

Mort de l’acteur Robert Redford : un homme habité par l’urgence écologique

Dernière Sundance. L’acteur américain est décédé ce mardi à l’âge de 89 ans. Outre son immense carrière cinématographique, Robert Redford laisse derrière lui l'image d’un homme engagé pour la cause écologique.
  • Par

Le célèbre acteur américain Robert Redford s’est éteint mardi à son domicile dans l’Utah (États-Unis), il avait 89 ans. Dans Butch Cassidy et le Kid (1969), L’Arnaque (1973) ou encore Les Hommes du président (1976), il s’était imposé comme l’une des figures majeures d’Hollywood, avant de passer derrière la caméra et de fonder le plus grand festival de cinéma indépendant au monde : Sundance. Derrière la star se cachait un homme habité par l’urgence écologique.

Dans les années 1970, Robert Redford s’est opposé «avec succès» à la construction d’une autoroute à six voies dans une zone rurale de l’Utah, détaille Associated Press. Mais «son plus grand succès en matière d’environnement remonte peut-être à 1976», relate le Washington Post : «Il a réussi à faire échouer le projet de centrale à charbon de Kaiparowits, présenté par les milieux d’affaires comme un générateur d’emplois indispensable dans le sud de l’Utah.»

Robert Redford en 2012. © World Travel & Tourism Council/Flickr

C’est grâce à une campagne de lobbying intensive, comprenant notamment un reportage photo de 36 pages dans le National Geographic, que Robert Redford a contribué à stopper ce projet. Des photos montrent l’acteur traversant le paysage à cheval, précisément là où la construction devait commencer. Pour ça, il a été «raillé» par les soutiens du projet, détaille le Post.

«Combat pour laisser un avenir meilleur»

Robert Redford s’est également opposé au controversé oléoduc Keystone. Le 6 novembre 2015, quand le président Barack Obama a rejeté les permis de ce projet néfaste pour le climat, l’acteur a pris la parole publiquement : «Aujourd’hui marque un tournant décisif dans notre combat pour laisser un avenir meilleur à nos enfants et aux générations futures. Partout dans le pays, les citoyens se sont unis pour exiger l’arrêt de ce projet destructeur et à courte vue lié aux énergies fossiles. Merci au président et à tous ceux qui se sont mobilisés contre le pipeline.»

Membre de longue date du Natural resources defense council, il a fondé en 1981, à Santa Fe (Nouveau-Mexique), l’organisation The Way of the Rain, consacrée à la recherche sur les énergies renouvelables

Robert Redford refusait l’étiquette «d’activiste», rappelle le New York Times. Il la trouvait «trop rigide». Et pourtant : à la fin des années 1970, il a été élu commissaire du district de Provo Canyon. Il avait brigué ce poste «dans le but de protéger la région contre le développement et la pollution, écrit le quotidien américain. Mais il s’est rapidement heurté à la bureaucratie, ce qui a renforcé sa conviction que l’activisme indépendant et la narration à travers le cinéma étaient des outils plus efficaces pour changer les choses.»

Une œuvre teintée de son rapport à la nature

Cette conviction s’est traduite dans son travail de cinéaste. S’il n’a pas eu un grand succès, son deuxième film The Milagro Beanfield War (1988) raconte la lutte d’une petite communauté du Nouveau-Mexique contre un promoteur immobilier prêt à assécher des terres agricoles pour construire un complexe touristique. On peut aussi citer A River Runs Through It, en 1992 : un drame historique qui met à l’honneur deux pêcheurs à la mouche du Montana et qui traduit, selon plusieurs observateurs, la sensibilité à la nature de Robert Redord.

L’acteur-réalisateur «détestait l’approche simpliste d’Hollywood en matière de cinéma», écrit encore le New York Times. Il «exigeait généralement que ses films aient un poids culturel, abordant souvent des sujets sérieux». En 2004, Robert Redford a prêté sa voix à un film documentaire qui célèbre la beauté et la diversité des écosystèmes de la planète : Sacred Planet. Quatre ans plus tard, pour le documentaire Grand Canyon Adventure : River at Risk (2008), il narrait une expédition sur le Colorado qui met en lumière la crise de l’eau, les conséquences du barrage et du tourisme de masse sur le fleuve et le Grand Canyon.

À l’origine du Festival Sundance

En 1981, Robert Redford a fondé le Sundance Institute, une organisation à but non lucratif dédiée à la promotion de nouvelles voix cinématographiques. Un festival du même nom a été créé, le Sundance Festival, à Park City. Il est devenu une vitrine mondiale pour les films américains réalisés en dehors du système hollywoodien. «Sundance est également devenu l’un des plus grands festivals de documentaires au monde, et met en valeur des thèmes moins visibles : les droits reproductifs, les questions LGBTQ et le changement climatique», liste le New York Times.

À l’annonce de sa mort, le président des États-Unis Donald Trump l’a salué comme un «grand du cinéma». Cocasse, puisque Robert Redford détestait le milliardaire d’extrême droite. Dans une tribune en 2019, l’acteur dénonçait «l’administration dictatoriale du président Trump», qui «attaque les valeurs chères à l’Amérique». Il écrivait : «Il est temps pour Trump de partir.»

Dans le chaos actuel, plus de 12 000 personnes ont fait le choix de soutenir Vert avec un don mensuel, pour construire la relève médiatique à nos côtés. Grâce à ce soutien massif, nous allons pouvoir continuer notre travail dans l’indépendance absolue.

Alors que l’objectif de contenir le réchauffement à moins de 1,5°C est un échec, les scientifiques le martèlent : chaque dixième de degré supplémentaire compte. Dans le contexte médiatique que nous connaissons, chaque nouveau membre du Club compte. Chaque soutien en plus, c’est plus de force, de bonnes informations, de bonnes nouvelles et un pas de plus vers une société plus écologique et solidaire.

C’est pourquoi nous voulons désormais atteindre les 13 000 membres du Club. Ces membres supplémentaires nous permettront de nous consolider, alors que la période est plus incertaine que jamais, d’informer encore plus de monde, avec du contenu de meilleure qualité.

Rejoignez les milliers de membres du Club de Vert sans perdre une seconde et faisons la différence ensemble.