Contorsion présidentielle. Lundi soir, la rencontre entre Emmanuel Macron et les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) s’est transformée en exercice de justification.
Depuis le Conseil économique, social et environnemental, le président s’est entretenu de visu et en visio avec la majeure partie des 150 citoyen•ne•s de la CCC. Depuis plusieurs jours, celles et ceux-ci se sont plaint•e•s dans la presse de l’affaiblissement de leurs propositions par l’exécutif dans son projet de loi climat, présenté à l’Assemblée nationale début 2021.
En janvier, Emmanuel Macron avait juré de transmettre « sans filtre » les mesures élaborées par la CCC au Parlement ; nombre d’entre elles ont en réalité été largement édulcorées (Vert) avant d’arriver devant les député•e•s. Le « sans filtre »,« ça veut dire simplement n’oublier aucune des propositions faites, bien en mesurer l’impact et les soumettre au vote », a avancé Emmanuel Macron, dans une tentative peu convaincante.
Le président a tout de même fait une annonce : un projet de loi sera transmis au conseil des ministres fin janvier, afin de proposer un référendum sur l’inscription de la préservation de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique dans l’article premier de la constitution. Celui-ci devra être adopté dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat, ce qui relèvera d’une gageure.
Cette reprise d’une des propositions de la CCC n’éclipse pas les nombreux renoncements : Emmanuel Macron a, par exemple, réaffirmé son opposition à un moratoire sur la 5G ou à l’interdiction de la publicité pour les produits polluants.
« Comment, en minorant nos propositions, vous pensez atteindre un objectif qui est aujourd’hui 15% supérieur à celui sur lequel nous avons travaillé ? »
– Question de Christine, membre de la Convention Citoyenne, à Emmanuel Macron
Posée « sans filtre », cette question est d’importance alors que les chef•fe•s d’Etat et de gouvernement de l’UE ont décidé, vendredi dernier, de réduire les émissions européennes de 55% d’ici 2030 (Actu-environnement). L’objectif français – celui sur lequel bûche la CCC depuis janvier – était jusqu’alors de -40% par rapport au niveau de 1990. « Etes-vous climato-cynique, au point de décider de ne pas atteindre ces objectifs en 2030, ou climato-sceptique ? », a jeté l’un des 150 au président.