Les innombrables fuites de méthane de l’industrie fossile européenne

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Les fuites ont fuité. Une enquête de l’ONG Clean air task force (CATF) révèle d’im­por­tantes fuites de méthane sur des dizaines de sites gaziers ou pétroliers en Europe.

Le méthane (CH4) est un puis­sant gaz à effet de serre au pou­voir de réchauf­fe­ment 86 fois supérieur au dioxyde de car­bone (CO2) lors des 20 pre­mières années passées dans l’at­mo­sphère. On estime qu’il est respon­s­able d’un quart de l’élé­va­tion actuelle des tem­péra­tures. Il est prin­ci­pale­ment émis par le secteur agri­cole (dont les fameux « pets de vach­es »), par les décharges à ciel ouvert, mais aus­si par l’in­dus­trie fos­sile : l’ex­trac­tion de pét­role ou de gaz « naturel » (dont le prin­ci­pal com­posant est le CH4) libère de grandes quan­tités de méthane.

Les enquêteur·rice·s de la Clean air task force ont promené une caméra infrarouge dernier cri sur quelque 200 sites d’ex­trac­tion à tra­vers l’Eu­rope, de l’Alle­magne à la Hon­grie, en pas­sant par l’I­tal­ie ou la Pologne. Elles et ils ont détec­té des fuites sur 123 instal­la­tions, qui s’a­joutent au relargage habituel dû à l’ex­trac­tion elle-même. La CATF a compt­abil­isé 271 inci­dents, cer­tains sites com­por­tant plusieurs fuites.

Une fuite de méthane observée en avril 2021, issue d’un ter­mi­nal de regazéi­fi­ca­tion de gaz naturel liqué­fié (LNG) à Cinque Terre, en Ital­ie © CATF

Prob­lème : en Europe, l’in­dus­trie n’est pas tenue de s’oc­cu­per de ces fuites. Mais la Com­mis­sion européenne pré­pare un pro­jet de règle­ment sur ce sujet qui pour­rait entr­er en vigueur au dernier trimestre 2021 (Actu-envi­ron­nement).

En rai­son de la courte durée de vie de ce gaz, la détec­tion et la répa­ra­tion des fuites de méthane de l’in­dus­trie serait l’une des manières les plus sim­ples et rapi­des d’en­ray­er le réchauf­fe­ment, comme l’avait souligné, en mai dernier, un rap­port opti­miste des Nations Unies (Vert).