On n’en veut pub. Les principaux opérateurs de transports et les régies publicitaires ont promis d’accélérer leur démarche de sobriété en éteignant les publicités lumineuses pendant la nuit dès 2024 – un engagement insuffisant pour plusieurs associations.
Lundi, les exploitants des gares, métros et aéroports français ont signé une charte pour concrétiser leurs engagements en matière de sobriété énergétique. Parmi eux : l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), la SNCF, la RATP, Aéroports de Paris, et les régies publicitaires JCDecaux et Mediatransports.
Ces acteurs s’engagent notamment à éteindre l’ensemble des écrans publicitaires numériques lorsque ces lieux sont fermés au public et ce, à partir de janvier 2024. Un récent décret a imposé l’extinction de ces dispositifs entre une et six heures du matin pour réaliser des économies d’énergie, mais il ne s’appliquait pas aux opérateurs de transports.
Dans cette charte, la SNCF promet de baisser la consommation électrique de son parc de publicités lumineuses de 71% en 2031 par rapport à 2022, et de réduire les émissions carbone associées de 45% à la même échéance. De son côté, la RATP s’engage à réduire sa consommation électrique de 35% entre 2022 et 2026 et ses émissions de CO2 de 17%.
Les 1 400 publicités lumineuses disposées dans les gares et les métros parisiens consomment autant d’électricité que 21 écoles de dix classes chaque année, et génèrent autant d’émissions que l’usage du métro parisien par 20 millions de personnes (plus d’1% du trafic annuel), soulignait l’Agence de la transition écologique (Ademe) en 2020. Un seul écran publicitaire de deux mètres carrés engloutit autant d’électricité qu’un ménage français en un an (hors chauffage).
«L’extinction des panneaux publicitaires aux horaires de fermeture des gares et aéroports est juste une question de bon sens. Les engagements pris par les professionnels de la publicité pour diminuer les consommations électriques sur une partie réduite du volume total de panneaux ne compenseront pas la croissance de leur nombre, en particulier dans les vitrines des magasins. La sobriété est une question de priorisation des usages», dénonce un collectif d’associations (Greenpeace, Extinction rebellion, Résistance à l’agression publicitaire, Plein la vue, Alternatiba, Anv-Cop21), qui évoque «un nouveau plan cosmétique».
D’après un sondage BVA commandé par Greenpeace en janvier 2023, 85% des Français·es sont favorables à la réduction du nombre d’écrans numériques publicitaires visibles dans l’espace public, et 54% réclament leur interdiction. Ce mardi, une proposition de loi visant à interdire «toute forme de publicité numérique et lumineuse dans l’espace public», déposée par la députée Delphine Batho (Génération écologie), doit d’ailleurs être étudiée en commission Développement durable à l’Assemblée nationale.