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Les excréments au secours du vivant 

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Étron­nant, non ? Tech­nique sci­en­tifique qui a le vent en poupe, l’analyse ADN des matières fécales des ani­maux en dan­ger d’ex­tinc­tion pour­rait per­me­t­tre de mieux les con­naître et les pro­téger.

Avant d’entreprendre de sauve­g­arder une espèce, encore faut-il la nom­mer. Et il est par­fois très com­pliqué d’en­quêter sur cer­tains ani­maux par­mi les plus timides ou les plus rares. Par exem­ple, on con­naît encore mal les semno­p­ithèques – ou lan­gurs – petits singes dont les nom­breuses espèces et sous-espèces peu­plent l’Asie du Sud-Est. Comme ils ne se lais­sent pas approcher, il est qua­si impos­si­ble d’ef­fectuer des prélève­ments de leur ADN.

Un semno­p­ithèque malais — ou Pres­bytis femoralis

C’est en analysant le con­tenu de leurs matières fécales, glanées sur le sol des forêts de Sin­gapour et de Malaisie, qu’une équipe inter­na­tionale a pu déter­min­er l’ex­is­tence de trois nou­velles espèces de lan­gurs, con­sid­érées jusqu’alors comme des sous-espèces du semno­p­ithèque malais. « Grâce à l’analyse fécale, nous pou­vons récolter des infor­ma­tions bien plus rapi­de­ment, a expliqué au Guardian Andie Ang, autrice prin­ci­pale d’une étude, pub­liée en juin dans la revue Nature. Non seule­ment nous pou­vons extraire l’ADN de l’hôte, mais nous obtenons aus­si des infor­ma­tions sur son régime ali­men­taire, sa flo­re intesti­nale et sa charge par­a­sitaire ».

En dan­ger cri­tique d’ex­tinc­tion à cause de la déforesta­tion, deux des trois nou­velles espèces de lan­gurs recen­sées ont inté­gré la liste rouge des espèces men­acées de l’U­nion inter­na­tionale pour la con­ser­va­tion de la nature (UICN), ouvrant la voie à des pro­grammes de pro­tec­tion sur mesure. 

Non inva­sive et riche en enseigne­ments, l’analyse de l’ADN fécale pour­rait-elle faire florès ? C’est ce qu’e­spère Rudolf Meier, l’un des auteurs de l’é­tude : « Même si on plaisante sur la “sci­ence de merde” au labo, il y a une quan­tité gigan­tesque d’in­for­ma­tions biologiques dans les excré­ments des ani­maux ». A lire dans le Guardian (en anglais).