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Offrir des bijoux d’occasion pour la Saint-Valentin n’est plus un tabou

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Jade or. De plus en plus de commerçant·es pro­posent de réin­ven­ter le tra­di­tion­nel cadeau de la Saint-Valentin en tro­quant les bijoux neufs con­tre de la sec­onde main. Du luxe aux pro­duits plus pop­u­laires, offrir du déjà porté pour réduire son empreinte et sa fac­ture n’est plus inavouable.

Et si vous vous disiez « Je t’aime » sans ruin­er la planète ? Déforesta­tion, extrac­tion très émet­trice de gaz à effet de serre, ou encore pol­lu­tion des eaux ; l’accès aux ressources est extrême­ment nuis­i­ble à l’environnement et emploie sou­vent les travailleur·euses — dont beau­coup d’en­fants — dans des con­di­tions de tra­vail désas­treuses.

Pour éviter ces effets néfastes et pro­pos­er des prix plus attrac­t­ifs, des bijouter­ies spé­cial­isées se dévelop­pent sur le marché de l’occasion depuis plusieurs années. «Qu’est ce qui se recy­cle mieux que l’or et la joail­lerie ?» inter­roge Doan Biraud, respon­s­able de 58 facettes, une plate­forme en ligne regroupant des professionnel·les de la joail­lerie d’occasion haut de gamme. La sec­onde main, une tra­di­tion vieille de plusieurs siè­cles : «Regardez les joy­aux de la couronne, les pier­res pré­cieuses ont été réu­til­isées à tra­vers les épo­ques », ajoute-t-elle. Sur le site de l’enseigne des­tinée aux bud­gets les plus copieux, on peut aus­si bien remet­tre en cir­cuit un pen­den­tif de la péri­ode Napoléon III ou une bague des années 1960. «On défend un ral­longe­ment de la durée de vie du bijou : il est rénové, repoli, mais notre objec­tif est d’éviter que les bijoux soient rachetés pour être fon­dus», explique Doan Biraud.

La mise en avant d’objets «déjà aimés»

Ne lui par­lez tout de même pas d’«occasion», le mot fait encore peur dans le secteur du luxe, mais de «pre-loved», pour «déjà aimé». «On souhaite met­tre en valeur l’histoire du bijou. Nos pro­fes­sion­nels ten­tent de percer des indices sur son orig­ine, sa fab­ri­ca­tion après les avoir acheté aux enchères ou chez des par­ti­c­uliers», développe la porte-parole de la bou­tique qui pro­pose aus­si des con­férences sur l’étude et l’histoire des pier­res pré­cieuses. Le suc­cès du sec­onde main haut de gamme a depuis trois ans attiré plusieurs con­cur­rents comme Castafiore, Cail­lou Paris, RivLuxe ou Omneque. Tous font désor­mais le con­stat qu’offrir des bijoux déjà util­isés n’est plus hon­teux.

«C’est même ce qui marche le mieux dans nos pub­lic­ités inter­net», con­firme Kadi­ja El Goufi, représen­tante du label Emmaüs, plate­forme qui regroupe de nom­breux vendeurs de l’économie sociale et sol­idaire. «Même si on a ten­dance à plus en acheter pour soi-même, il n’y a plus aucun tabou à offrir des bijoux d’occasion lors d’évènements comme la Saint-Valentin», ajoute-t-elle. Les prix réduits restent le pre­mier critère de choix, d’autant plus pour des objets d’exception sou­vent très onéreux. «Comme partout dans la sec­onde main, le prix est dic­té par rap­port à la mar­que neuve», répond Doan Biraud pour expli­quer les tar­ifs élevés de ses lux­ueux pro­duits. «D’après nos enquêtes, les gens vien­nent chez nous aus­si pour la dimen­sion sociale», ajoute Kadi­ja El Goufi. Pour elle, l’arrivée de grandes enseignes sur ce seg­ment fait de l’ombre aux organ­ismes his­toriques de la sec­onde main, d’avantage engagés en faveur de l’insertion sociale.