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Les banques françaises ont moins financé les énergies fossiles en 2023, mais c’est encore trop pour le climat

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Plus fos­sile à dire qu’à faire. Mal­gré cer­tains efforts, le finance­ment des ban­ques aux pro­duc­teurs d’énergie fos­sile est tou­jours bien trop impor­tant à l’échelle mon­di­ale pour lim­iter le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, révèle un rap­port de huit ONG.

6 896 mil­liards de dol­lars (6 400 Mds €) : c’est le mon­tant investi par les ban­ques du monde entier dans les éner­gies fos­siles depuis la sig­na­ture de l’Accord de Paris sur le cli­mat en 2015, révèle la 15ème édi­tion du rap­port Bank­ing on cli­mate chaos, pub­liée ce lun­di. Pro­duite par huit organ­i­sa­tions — dont Reclaim finance, Urge­wald et Bank­Track — cette vaste analyse recense chaque année les finance­ments des prin­ci­pales ban­ques mon­di­ales aux pro­duc­teurs d’énergies fos­siles (char­bon, pét­role et gaz). En 2023, les 60 plus gros étab­lisse­ments ban­caires ont accordé pas moins de 705 mil­liards de dol­lars (654 Mds €) à l’industrie fos­sile. 38 ban­ques lim­i­tent désor­mais le finance­ment du pét­role et du gaz, mais seules deux d’entre elles (La Banque postale et la danoise Danske bank) restreignent «de manière sig­ni­fica­tive» leur sou­tien aux entre­pris­es qui dévelop­pent des activ­ités pétrogaz­ières.

Le classe­ment est large­ment dom­iné par les étab­lisse­ments nord-améri­cains et asi­a­tiques — les États-Unis, la Chine, le Cana­da et le Japon représen­tent 70% des finance­ments accordés à l’industrie fos­sile depuis 2015. La pire élève mon­di­ale est la banque améri­caine JP Mor­gan Chase avec près de 41 mil­liards de dol­lars (38 Mds €) investis dans le char­bon, le pét­role et le gaz en 2023.

Le classe­ment des plus gros financeurs d’énergies fos­siles entre 2016 et 2023 (en mil­liards de dol­lars) est dom­iné par les étab­lisse­ments nord-améri­cains et asi­a­tiques. © Vert

La France a octroyé quelque 67 mil­liards de dol­lars (62 Mds €) à l’expansion des éner­gies fos­siles entre 2021 et 2023. Un sou­tien que l’on doit presque exclu­sive­ment (à 99%) à qua­tre ban­ques : BNP Paribas, le Crédit agri­cole, la Société générale et la Banque pop­u­laire Caisse d’épargne (BPCE). Par­mi les «évo­lu­tions nota­bles», le rap­port souligne la réduc­tion des finance­ments des ban­ques français­es aux douze plus grandes entre­pris­es fos­siles (dont BP, Exxon­Mo­bil, Total­En­er­gies, etc) entre 2021 et 2023. Ils ont bais­sé de 78% pour BNP Paribas, de 82% pour la Société générale, de 63% pour le Crédit agri­cole et de 52% pour la BPCE. À l’échelle mon­di­ale, les finance­ments de ces géants des fos­siles ont dimin­ué de 67,8%.

Cette baisse «bien­v­enue» des finance­ments est en par­tie liée à la demande moin­dre des com­pag­nies liée aux prix élevés de l’énergie sur les deux dernières années, qui leur ont per­mis de se pass­er davan­tage d’emprunts ban­caires. Au-delà de la con­jonc­ture, les ban­ques français­es se sont égale­ment «tenues à l’écart» de cer­taines trans­ac­tions avec des majors fos­siles en 2023, note le rap­port.

«Chaque dol­lar con­sacré par les ban­ques à l’ex­trac­tion de nou­veaux com­bustibles fos­siles ou à de nou­velles infra­struc­tures com­pro­met la sta­bil­ité du cli­mat», affir­ment les huit organ­i­sa­tions. Elles récla­ment que les ban­ques alig­nent leurs finance­ments avec des feuilles de route ambitieuses pour lim­iter le réchauf­fe­ment cli­ma­tique à +1,5°C. Pour ce faire, les étab­lisse­ments ban­caires devraient notam­ment cess­er tout sou­tien au développe­ment d’énergies fos­siles, et exiger de leurs entre­pris­es clientes des plans de tran­si­tions robustes pour sor­tir du char­bon, du pét­role et du gaz.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : BNP Paribas est la banque française qui finance le plus les éner­gies fos­siles. © HJBC — stock.adobe.com