Le Gulf stream est au plus faible depuis 1 000 ans

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Le Gulf stream, ce courant marin de l’At­lan­tique qui régule les tem­péra­tures, con­naît un impor­tant ralen­tisse­ment et le réchauf­fe­ment cli­ma­tique pour­rait en être la cause.

C’est le prin­ci­pal enseigne­ment d’une étude, pub­liée fin févri­er dans la revue Nature geo­science : le Gulf stream n’a jamais été aus­si faible depuis 1 000 ans. En étu­di­ant la com­po­si­tion de carottes glaciaires, l’équipe inter­na­tionale de sci­en­tifiques a con­staté un fort et récent affaib­lisse­ment de l’un de ses moteurs : la cir­cu­la­tion méri­di­enne de retourne­ment atlan­tique (AMOC).

« Ce sys­tème fonc­tionne comme un tapis roulant géant, a expliqué au Monde Ste­fan Rahm­storf, coau­teur de l’étude. L’eau chaude et salée se déplace du sud vers le nord où elle se refroid­it et devient ain­si plus dense. Lorsqu’elle est suff­isam­ment lourde, l’eau coule vers des couch­es océaniques plus pro­fondes et retourne vers le sud. » Per­me­t­tant ain­si de redis­tribuer la chaleur à tra­vers l’At­lan­tique.

Les courants océaniques (dont le gulf stream) dans l’At­lan­tique et la mer de glace © Atlas mon­di­al, manuel du ser­vice des forces armées des Etats-Unis M‑101 (1943)

Prob­lème : la fonte des glac­i­ers ali­mente les océans en eau douce, moins dense que l’eau salée. L’élé­va­tion des tem­péra­tures réduit aus­si la salin­ité de l’eau, ce qui l’empêche de plonger. Depuis des années, des sci­en­tifiques prédis­ent le ralen­tisse­ment du Gulf stream sous l’ef­fet du dérè­gle­ment du cli­mat, mais « des cycles naturels pour­raient égale­ment entr­er en jeu » explique au Monde Didi­er Swinge­douw, chercheur au CNRS à l’université de Bor­deaux. 

En tout état de cause, ce dérè­gle­ment est récent et très rapi­de : l’é­tude mon­tre que la cir­cu­la­tion est restée sta­ble jusqu’aux années 1850 avant de dimin­uer légère­ment, puis de con­naître un déclin rad­i­cal à par­tir de la moitié du XXème siè­cle. Le courant aurait dimin­ué de 15% en 70 ans. 

Par­mi les con­séquences atten­dues : des hivers plus rigoureux et des étés plus chauds en Europe, une élé­va­tion du niveau des mers en Amérique du Sud et des sécher­ess­es aggravées en Afrique de l’Ouest. Et la sit­u­a­tion pour­rait bien s’ag­graver : « À ce rythme […] l’Amoc pour­rait s’af­faib­lir de 34 à 45 % d’i­ci 2100, alerte Ste­fan Rahm­storf dans un com­mu­niquéDe quoi nous approcher dan­gereuse­ment du point de bas­cule­ment au-delà duquel le courant devient insta­ble  ».