Emblème du second mandat de Donald Trump, créé dès le premier jour de celui-ci, le Département de l’efficacité gouvernementale (Doge) n’existe plus. L’agence de presse Reuters l’a confirmé ce mardi, alors même que l’administration Trump ne s’est toujours pas exprimée publiquement sur le sujet. L’information provient de Scott Kupor, directeur de l’Office of personnel management (OPM), qui a reconnu début novembre que le Doge ne fonctionnait plus comme une «entité centralisée», après des mois de rumeurs sur l’arrêt de ses activités.
Pensé par Donald Trump comme la pierre angulaire de sa promesse d’un «gouvernement resserré, plus efficace et moins bureaucratique», le Doge avait été présenté comme «un cadeau parfait pour l’Amérique à l’occasion du 250ème anniversaire de la Déclaration d’indépendance». Placé sous la direction d’Elon Musk, il devait mener à bien une vaste restructuration de l’administration fédérale jusqu’au 4 juillet 2026. Sa mission s’est finalement arrêtée huit mois plus tôt.

Dès ses débuts, le Doge s’est illustré par des interventions spectaculaires dans les agences fédérales – mais pas n’importe lesquelles. Les équipes d’Elon Musk ciblaient celles jugées «nuisibles à la prospérité des États-Unis», c’est-à-dire les agences impliquées dans la protection sociale et environnementale. Leur objectif : réduire drastiquement les effectifs, diminuer les budgets et réorienter les missions des agent·es, conformément aux priorités de Donald Trump.
En mai, les membres du Doge ont ainsi fait irruption dans les locaux de la Noaa, l’agence dédiée à l’observation océanique et atmosphérique, afin d’«accéder aux systèmes informatiques de l’agence», relatait alors Andrew Rosenberg, ancien cadre de la Noaa. Au cœur de cette stratégie : la mise en place d’une surveillance algorithmique des agent·es et de leur efficacité via l’intelligence artificielle (notre article).
Elon Musk, très actif sur son réseau social X, n’a cessé de vanter les prétendus succès du Doge. Comme le rapporte La Dépêche, il s’était même exhibé tronçonneuse en main lors de la Conservative political action conference, en février, pour symboliser la réduction des effectifs dans la fonction publique. En mai, le Doge revendiquait ainsi 260 000 suppressions de postes parmi les 2,3 millions de fonctionnaires fédéraux.
Une fin discrète après le départ de Musk
Quant aux économies promises, elles demeurent très incertaines. L’administration Trump évoque des dizaines de milliards de dollars, mais l’absence de comptes publics vérifiables empêche toute confirmation. Le New York Times révélait même, le 3 mars dernier, que le rapport de performance du Doge était truffé d’erreurs : confusion entre milliards et millions, économies comptabilisées plusieurs fois, crédits attribués à des contrats terminés depuis des années…

L’existence même du Doge avait commencé à susciter des doutes au printemps, lorsque Musk a mis fin à son statut d’«employé spécial du gouvernement» – un régime dérogatoire aux règles sur les conflits d’intérêts, valable 130 jours et expirant fin mai. Il avait alors reconnu que le Doge n’avait pas atteint ses objectifs initiaux, rapportait Le Monde. Selon lui, seules 170 milliards de dollars d’économies auraient été réalisées : «La bureaucratie fédérale est bien pire que ce que je pensais, confiait-il au Washington Post. C’est un véritable parcours du combattant pour essayer d’améliorer les choses à Washington.»
Reuters affirme désormais que l’Office of personnel management a récupéré une grande partie des prérogatives exercées temporairement par le Doge. Plusieurs figures clés de ce «super-ministère» ont depuis été recasées dans d’autres postes gouvernementaux. Joe Gebbia, cofondateur d’Airbnb, en est un exemple : Donald Trump lui a depuis confié… la mission d’embellir les sites web fédéraux.