Ça en fourche un coin. Nourrir les Européen·ne·s en se passant d’engrais et de pesticides de synthèse, c’est possible, à condition de végétaliser notre alimentation, selon des chercheurs français.
Le modèle d’agriculture industrielle développé en Europe à la sortie de la seconde guerre mondiale est devenu toxique. Sa dépendance aux intrants à base de pétrole pour cultiver ses céréales n’a d’égale que ses importations de soja sud-américain pour nourrir ses élevages. Autrefois puits de carbone, l’agriculture représente aujourd’hui 10% des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne, sans compter les nombreuses atteintes à la biodiversité et à l’eau provoquées par les pollutions au nitrate.
Or, la généralisation de pratiques agro-écologiques – qui réconcilient agriculture et environnement – permettrait de préserver la biodiversité tout en garantissant la souveraineté alimentaire du continent, promet une équipe de chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Leur scénario, exposé dans la revue scientifique One Earth, repose sur trois leviers principaux. Le premier : réduire notre consommation de viande. Depuis 1960, la part de produits animaux dans la diète moyenne est passée de 35% à plus de 55%. Les auteur·rice·s recommandent de faire retomber ce taux en-deçà de 30%.
Il s’agit ensuite de mettre un terme à l’hyper-spécialisation des régions – soit dans l’élevage, soit dans la culture – pour restaurer les exploitations mêlant polyculture et polyélevage. La culture de légumineuses peut en effet servir de fourrage aux animaux tandis que le pâturage et les déjections animales constituent un excellent stimulant pour les sols. Enfin, les auteur·ice·s prônent des rotations de cultures longues et diversifiées, en lieu et place des mono-cultures qui épuisent les sols.