Connaissez-vous le point commun entre le médecin Harvey Kellogg, le philosophe Sénèque et le militant anti-colonialiste Gandhi ? À des époques différentes, ils ont tous adopté et défendu un régime végétarien. Dans son dernier documentaire, L’adieu à la viande : la grande histoire des végétariens, le réalisateur Martin Blanchard nous propose de nous asseoir à leur table et de plonger dans la grande histoire de cette pratique alimentaire. Le film est disponible sur Arte.tv du 15 novembre au 21 janvier 2026, et il sera diffusé à la télévision le 22 novembre.
Tout commence il y a 2 600 ans, en Inde. Les jaïns (pratiquant·es du jaïnisme, une religion principalement présente en Inde) prônent le principe de non-violence (ahimsa) et adoptent un végétarisme strict. Six siècles plus tard, en Europe, des philosophes interrogent la légitimité de la consommation de chair animale, posant les premières bases d’un débat qui ne cessera de s’enrichir.
L’histoire s’enchaîne, du Moyen Âge aux années 1970 : à toutes les époques et sur différents continents, des communautés choisissent de se passer de viande.
Spiritualité, santé et écologie : des motivations diverses
Leurs motivations sont variées. Les bouddhistes, les jaïns ou encore le philosophe grec Plutarque défendent l’importance de la vie animale et le principe de non-violence. D’autres mettent en avant des bénéfices pour la santé : Sénèque prône ainsi la frugalité et considère la viande comme trop grasse et trop lourde pour philosopher.
Plus récemment, un nouvel argument s’impose : celui de l’urgence écologique. Dans un monde qui brûle, comment nourrir l’humanité sans aggraver la crise climatique ? Aujourd’hui, les végétarien·nes représentent encore une minorité, à peine 11% de la population mondiale, mais leur visibilité croissante est signe d’une transformation profonde de nos rapports aux animaux.
Des femmes effacées de l’histoire
Le documentaire réhabilite des figures féminines qui se sont battues toute leur vie pour promouvoir le végétarisme. Vous découvrirez ainsi l’histoire d’Anna Kingsford, qui a soutenu la toute première thèse de médecine consacrée au végétarisme. En s’appuyant sur la chimie organique naissante, elle démontre dès la fin du 19ème siècle que l’alimentation végétale fournit tous les nutriments nécessaires et pourrait nourrir davantage d’humain·es avec les mêmes surfaces agricoles. Cette intuition résonne fortement aujourd’hui. Un siècle plus tard, Frances Moore Lappé publie Diet for a small planet, ouvrage pionnier affirmant qu’un régime végétarien pourrait nourrir la planète sans la détruire. Deux personnalités inspirantes, mais effacées par l’histoire.
En replaçant le végétarisme dans la longue histoire des idées et des luttes, L’adieu à la viande met en perspective un débat qui dépasse largement la question de l’assiette. Identité, justice sociale, santé, climat : autant de fronts où se croisent celles et ceux qui ont choisi d’adopter ce régime alimentaire. Un documentaire éclairant, pour mieux comprendre pourquoi cette pratique millénaire est aujourd’hui si présente dans les débats.
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