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Lac illégal de Caussade : les agriculteurs échappent à la prison en appel

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Maus­sade Caus­sade. Jeu­di, la cour d’ap­pel d’A­gen a réduit à dix mois de prison avec sur­sis les peines pronon­cées en pre­mière instance con­tre Serge Bous­quet-Cas­sagne et Patrick Franken, respec­tive­ment prési­dent et vice-prési­dent de la cham­bre d’agriculture du Lot-et-Garonne.

Six mois plus tôt, tous deux avaient été con­damnés à des peines de prison ferme pour avoir creusé de manière illé­gale une retenue d’eau de 20 hectares à Caus­sade (Lot-et-Garonne), afin d’al­i­menter les exploita­tions agri­coles alen­tour, vic­times de la mul­ti­pli­ca­tion des sécher­ess­es. Un juge­ment alors con­sid­éré comme his­torique pour une affaire de délit envi­ron­nemen­tal.

Ce jeu­di 13 jan­vi­er, les juges auront décidé d’al­léger les peines et de laiss­er la lib­erté aux deux représen­tants, par ailleurs mem­bres de la Coor­di­na­tion rurale, syn­di­cat majori­taire à la cham­bre d’a­gri­cul­ture du Lot-et-Garonne. A la sor­tie du tri­bunal, Serge Bous­quet-Cas­sagne a savouré ce « cam­ou­flet pour les asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales, rap­porte le Monde. On savait per­tinem­ment que la jus­tice de notre pays n’allait pas nous met­tre en prison pour avoir fait un lac ». La Cham­bre d’Agriculture écope de 40 000 euros d’amende, dont 20 000 avec sur­sis. Ses deux représen­tants devront égale­ment s’ac­quit­ter d’une amende de 7 000€ cha­cun et vers­er entre 15 000 et 25 000 euros aux asso­ci­a­tions requérantes, ain­si que 32 900€ à Enedis, dont des instal­la­tions ont été endom­magées lors du creuse­ment de la retenue d’eau.

Si ce juge­ment en appel peut avoir un goût doux-amer pour les asso­ci­a­tions requérantes, France nature envi­ron­nement a tout de même applau­di « une pre­mière », et s’est félic­itée qu’« enfin des délin­quants envi­ron­nemen­taux [aient] été con­damnés par la jus­tice française ». FNE demande désor­mais « que le Préfet use de ses pou­voirs les plus coerci­tifs pour que le site de Caus­sade soit remis en état dans les meilleurs délais ».

Extrait de l’épisode d’En­voyé spé­cial de mars 2021 con­sacré à la « Guerre de l’eau »

L’épineux dossier du lac de Caus­sade, dont le pro­jet remonte aux années 1980, a con­nu des rebondisse­ments ces dernières années. Après l’avoir autorisé en juin 2018, mal­gré des avis défa­vor­ables de l’Agence Française de la Bio­di­ver­sité (désor­mais Office français de la bio­di­ver­sité), la pré­fec­ture a retiré l’arrêté autorisant le chantier du bar­rage en octo­bre de la même année. Peu importe : à l’hiv­er 2018–2019, des mem­bres et des bénév­oles de la cham­bre d’a­gri­cul­ture achèvent le chantier. La retenue est inau­gurée en févri­er, mal­gré le refus répété des autorités et plusieurs juge­ments qui don­nent rai­son aux asso­ci­a­tions opposées. Elle est tou­jours en fonc­tion­nement depuis lors. Or, avec ses 920 000 mètres cubes, elle prive les sols et la bio­di­ver­sité locale d’im­menses quan­tités d’eau.