L’abyssale fraude à l’étiquetage des poissons

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Filous de poissons. Une part considérable des poissons commercialisés dans les restaurants et supermarchés ne sont pas ceux qui sont indiqués sur l’étiquette.

Pour s’en convaincre, le Guardian a passé en revue quelque 44 études récentes qui ont porté sur une trentaine de pays, dont le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Singapour, ainsi que l’Europe. Publié lundi, ce vaste travail d’analyse met au jour l’ampleur vertigineuse de la fraude à l’étiquetage. 

36% des 9 000 échantillons collectés dans les restaurants, supermarchés et auprès de négociants en produits de la mer se sont révélés frauduleux, après une analyse de leur ADN. Le taux atteint 55% au Canada et au Royaume-Uni.

Dans certains cas, l’animal vendu est de la même famille que celui indiqué sur l’étiquette : en Allemagne, 48% des coquilles Saint-Jacques analysées étaient en fait des pétoncles japonais, un cousin moins prisé (Food control). Il s’agit souvent d’équivalents moins chers vendus au prix d’une espèce plus recherchée. Par exemple, les pangasiidés, une famille de poissons-chats, sont régulièrement retrouvés à la place de poissons à chair blanche comme le cabillaud ou la sole.

Des dorades sur un marché de Marseille © Julien 25

Parfois, les substituts proviennent d’espèces en danger : une étude montre que 70% des échantillons vendus sous l’appellation Vivaneau provenaient d’autres espèces – 38 au total ! – dont des poissons résidents de récifs coralliens probablement menacés par la surpêche. 

Dans une autre étude, des scientifiques ont examiné des poissons servis dans 180 restaurants de 23 pays. Il est apparu qu’un établissement sur trois vendait des produits frauduleux.

La fraude à l’étiquetage est souvent pratiquée à bord de vastes navires de fret, où les stocks de poissons légaux et illégaux peuvent être mélangés loin du regard des autorités, indique au Guardian Rashid Sumaila, un économiste spécialiste de la pêche. Un trafic difficile à juguler et très rentable.