Mine de rien. Les États ont intérêt à se préoccuper rapidement de leurs approvisionnements en minerais s’ils veulent sécuriser le déploiement des nouvelles énergies et mobilités, prévient l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Si l’on en croit son rapport, paru le 5 mai, le monde ne se défera pas des énergies fossiles sans tomber dans une autre forme d’addiction. Les véhicules électriques et les énergies renouvelables nécessitent en effet beaucoup plus de minerais que leurs équivalents carbonés : une voiture électrique en demande six fois plus qu’un véhicule thermique ; un site éolien terrestre, neuf fois plus qu’une centrale à gaz de taille équivalente, pointe l’Agence.
Les ressources diffèrent en fonction des technologies : lithium, nickel, cobalt, manganèse et graphite offrent longévité et efficacité aux batteries, tandis que les aimants de certaines turbines éoliennes nécessitent des terres rares telles que le néodyme. Enfin, l’extension des réseaux électriques exige d’importantes quantités de cuivre.
Pour la plupart de ces minerais, l’extraction et le raffinage sont concentrés sur quelques pays. En 2019, la République démocratique du Congo a produit 70 % du cobalt mondial, et la Chine 60 % des terres rares. Cette concentration géographique est une source de vulnérabilité pour les pays demandeurs. Parmi les autres incertitudes : le temps de développement de nouveaux gisements, et les enjeux environnementaux et sociaux qui y sont associés.
Au rythme actuel de déploiement, la demande énergétique en minerais doublera dès 2040, pour atteindre 15 millions de tonnes par an. Et selon que le monde se conforme aux engagements de l’Accord de Paris ou vise la neutralité carbone pour 2050, les besoins pourraient être multipliés par quatre ou six, soit entre 30 et 45 millions de tonnes par an.
Pour l’AIE, la qualité des politiques mises en œuvre sur ce sujet déterminera si l’approvisionnement en minerais permettra une transition vers des énergies propres ou si, au contraire, elle créera un goulot d’étranglement.