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La tempête Ciaran, une «bombe météorologique» qui risque de faire des dégâts sur le nord-ouest du pays

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Le calme hâtant la tem­pête. La tem­pête Cia­ran devrait s’abattre sur le quart nord-ouest du pays entre mer­cre­di soir et jeu­di matin. Des vents vio­lents et de fortes vagues sont atten­dues, entraî­nant des risques de sub­mer­sion sur le lit­toral.

Quelques jours après la tem­pête Céline qui a souf­flé sur l’ouest de la France, c’est au tour de Cia­ran de men­ac­er une par­tie du pays. Dès mer­cre­di soir, la tem­pête sera accom­pa­g­née de vents vio­lents qui attein­dront 120 à 140 km/h sur les lit­toraux de la Bre­tagne et du Cotentin, avec des pointes locales à 150 km/h, et jusqu’à 100 à 120 km/h dans les ter­res.

Elle se dirig­era ensuite vers le nord du pays dans la mat­inée de jeu­di. En par­al­lèle, de «très fortes vagues» sont atten­dues sur le lit­toral, prévoit Météo-France, allant jusqu’à dix mètres sur la façade atlan­tique et entre six et huit mètres sur les côtes de la Manche.

Les effets de la tem­pête Cia­ran seront par­ti­c­ulière­ment mar­qués sur le quart nord-ouest du pays. © Météo-France

Asso­ciées à un phénomène de «sur­cote» (soit l’élévation tem­po­raire du niveau moyen de la mer), ces vagues peu­vent entraîn­er des sub­mer­sions côtières, avec des risques max­i­maux lors de la pleine mer (lorsque la marée est au plus haut) de jeu­di matin sur l’Atlantique et de jeu­di midi sur les côtes de la Manche. Une sur­cote peut avoir lieu lors d’une dépres­sion atmo­sphérique, le niveau de la mer remon­tant pour s’ajuster à ce change­ment de pres­sion. Les risques de sub­mer­sion marine sont d’autant plus impor­tants lors de coef­fi­cients de marée élevés, ce qui ne sera — heureuse­ment — pas le cas cette semaine.

Des dégâts sont égale­ment à prévoir en rai­son des chutes de branch­es ou d’arbres. Un risque dou­ble­ment favorisé par les pluies récentes, qui ont ren­du ces derniers plus mal­léables à cause de la sat­u­ra­tion des sols, et par les douces tem­péra­tures autom­nales, qui ont retardé leur dor­mance hiver­nale. On trou­ve encore des feuilles sur de nom­breux arbres, ce qui aug­mente leur prise au vent et ren­force le risque de chute. Une sit­u­a­tion «poten­tielle­ment explo­sive», alerte l’agrométéorologue Serge Zaka.

La tem­pête Cia­ran rem­plit, a pri­ori, les critères d’une «bombe météorologique», c’est-à-dire lorsque la pres­sion atmo­sphérique chute d’au moins 24 hec­topas­cals (l’unité de mesure de la pres­sion) en 24 heures. La dépres­sion liée à Cia­ran devrait se creuser d’une trentaine d’hectopascals en un jour, d’après les dernières prévi­sions. «Le terme de bombe météorologique nous ren­seigne sur la rapid­ité de l’intensification du phénomène mais pas for­cé­ment sur son inten­sité», tem­père François Gourand, météoro­logue chez Météo-France. Ce dernier pré­cise par ailleurs qu’il ne s’agit pas d’un phénomène très rare.

Cette tem­pête s’inscrit dans une lignée de per­tur­ba­tions suc­ces­sives au cours des derniers jours. Une sit­u­a­tion qual­i­fiée de «rail des dépres­sions» : une con­fig­u­ra­tion météorologique générée par le courant jet (soit les forts vents d’altitude). Lorsque ce courant se nour­rit des forts con­trastes ther­miques entre les tem­péra­tures de l’air de plus en plus bass­es sur l’Atlantique nord et l’air plus chaud du sud de l’Atlantique, il forme un couloir de pré­cip­i­ta­tions qui se créent au large de l’océan et arrivent jusqu’en Europe.

«On par­le d’un rail car cela dure générale­ment quelque jours avec plusieurs per­tur­ba­tions qui se for­ment et cir­cu­lent les unes après les autres comme un petit train où chaque wag­on serait une nou­velle dépres­sion», détaille François Gourand.

Il est trop tôt pour éval­uer l’influence poten­tielle du change­ment cli­ma­tique sur cette per­tur­ba­tion. La tem­pête Cia­ran devrait quit­ter la France jeu­di dans la journée.

Pho­to d’il­lus­tra­tion de l’ar­ti­cle : Un habi­tant dans une rue inondée par la tem­pête Céline à Quim­per (Fin­istère), le 29 octo­bre 2023. © Fred Tan­neau / AFP