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La SNCF n’utilisera plus de glyphosate sur ses milliers de kilomètres de voies ferrées

Pesticide ferré. Premier consommateur de glyphosate en France, le réseau national ferré va troquer cet herbicide controversé pour un produit alternatif plus écologique, à partir de cette année.
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Poi­son fer­ré. Pre­mier con­som­ma­teur de glyphosate en France, le réseau nation­al fer­ré va tro­quer cet her­bi­cide con­tro­ver­sé pour un pro­duit alter­natif plus écologique, à par­tir du print­emps.

Emmanuel Macron avait annon­cé, en 2017, la sor­tie du glyphosate en France d’i­ci fin 2021. Une promesse aban­don­née, face aux pres­sions exer­cées par dif­férents syn­di­cats agri­coles (notre arti­cle). Désor­mais, l’exé­cu­tif s’en remet à l’U­nion européenne, dont les États mem­bres doivent décider cette année de renou­vel­er l’homologation ou d’abandonner cet her­bi­cide classé « can­cérogène prob­a­ble » par l’Or­gan­i­sa­tion mon­di­ale de la san­té.

D’autres acteurs respectent pour­tant la voie tracée par le prési­dent de la République. C’est le cas de SNCF Réseau, chargé de l’entretien de ses quelque 30 000 kilo­mètres de lignes posées sur 34 000 hectares de voies à tra­vers le pays. La végé­ta­tion peut y empêch­er le bon fonc­tion­nement des sys­tèmes de détec­tion automa­tique des trains ou provo­quer des départs d’in­cendie lorsqu’elle est sèche.

Jusqu’i­ci grande con­som­ma­trice de glyphosate (env­i­ron 40 tonnes par an), la SNCF utilis­era désor­mais une autre solu­tion pour désher­ber : un mélange com­posé d’un her­bi­cide de bio­con­trôle et d’un anti-ger­mi­natif, com­posé à plus de 95% d’acide pélargonique, d’o­rig­ine végé­tale. C’est ce qu’a con­fir­mé Matthieu Cha­banel, directeur général délégué chargé des pro­jets, de la main­te­nance et de l’ex­ploita­tion (AFP) à la fin décem­bre. Cette alter­na­tive devrait être mise en place dès le print­emps 2022.

Plus écologique, cette solu­tion est aus­si bien plus coû­teuse. « Nous avons iden­ti­fié un sur­coût d’en­v­i­ron 110 mil­lions d’eu­ros par an », avait déclaré, en févri­er, Jean-Pierre Pujols, respon­s­able de la maîtrise de la végé­ta­tion chez SNCF Réseau (l’U­sine Nou­velle — abon­nés). Ce qui reviendrait env­i­ron dix fois plus cher que le désherbage à l’aide du glyphosate. Avec sa nou­velle solu­tion, la SNCF devra utilis­er dix litres de plus par hectare et traiter deux fois par an, alors qu’une seule pul­véri­sa­tion était néces­saire jusqu’i­ci.

La SNCF con­tin­ue donc de réfléchir à d’autres solu­tions. « Ce nou­veau mélange est une solu­tion de court terme liée à l’en­gage­ment de la SNCF de sor­tir du glyphosate d’i­ci la fin de 2021. Mais cela reste un pro­duit phy­tosan­i­taire de syn­thèse et notre objec­tif est de ne plus en utilis­er d’i­ci quelques années », ajoute Jean-Pierre Pujols. D’autres alter­na­tives sont donc à l’é­tude : créa­tion d’un pro­duit de bio­con­trôle seul ayant les mêmes pro­priétés que le glyphosate, désherbage élec­trique, vapeur d’eau… Pour un enter­re­ment de pre­mière classe.