Merle adore ! Mercredi, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a confirmé l’interdiction de la chasse des oiseaux à la glu.
La France était le dernier pays en Europe à autoriser cette pratique d’un autre âge, qui consiste à enduire des arbres de colle pour piéger grives et merles noirs. Les oiseaux sont ensuite attrapés vivants, et les chasseurs les font chanter pour attirer d’autres volatiles à tirer.
Le piégeage à la glu avait été suspendu à l’été 2020, après que la Commission européenne avait sommé la France de se mettre en conformité avec la « directive Oiseaux ». Un texte, vieux de 11 ans, qui protège les oiseaux sauvages.
En 2019, les associations One Voice et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) avaient saisi le Conseil d’Etat pour interdire les arrêtés autorisant la chasse à la glu dans cinq départements français. Celui-ci avait alors interrogé la CJUE qui confirme, dans un arrêt rendu mercredi, que cette pratique est contraire au droit européen.
Non-sélectif, le piégeage est susceptible d’entraîner des « prises accessoires », causant des dommages à d’autres espèces que les merles et grives. « Les gluaux [les baguettes enduites de colle – NDLR] sont par nature susceptibles d’endommager le plumage de tous les oiseaux capturés », indique la Cour.
Brandi par la Fédération nationale des chasseurs (FNC), le « caractère traditionnel » de cette méthode n’a pas suffi à convaincre les juges. De quoi faire enrager le tonitruant patron de la FNC qui concède une « défaite » : « Politiquement, la France veut détruire cette chasse, a maugréé auprès du Monde Willy Schraen. On veut empêcher des irréductibles d’attraper quelques milliers d’oiseaux qui ont parfois un peu de mal à voler… C’est du dogmatisme et de l’idéologie. » Eclairé par la CJUE, le Conseil d’Etat devra se prononcer à son tour.