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La France met fin au broyage des poussins mâles    

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L’œuf et la poule. L’élim­i­na­tion des poussins mâles à la nais­sance est désor­mais inter­dite en France. Les cou­voirs ont jusqu’à la fin de l’année pour s’y con­former

Chaque année, env­i­ron 50 mil­lions de poussins mâles sont tués par broy­age ou gazage, selon une esti­ma­tion du min­istère de l’A­gri­cul­ture. La rai­son de ce car­nage : il n’est pas rentable de les nour­rir puisqu’ils ne peu­vent pas pon­dre et ne sont pas issus de races à viande.

En jan­vi­er 2020, le min­istre français de l’A­gri­cul­ture, Didi­er Guil­laume, et son homo­logue alle­mande, Julia Klöck­n­er, s’é­taient engagés à met­tre fin à cette pra­tique. Ce nou­veau décret, pub­lié dimanche au Jour­nal offi­ciel, con­firme cet engage­ment.

Les cou­voirs devront pra­ti­quer la tech­nique du sex­age in ovo – qui per­met de déter­min­er le sexe de l’embryon de l’an­i­mal à l’in­térieur de l’œuf. Le gou­verne­ment a octroyé une aide de dix mil­lions d’eu­ros aux entre­pris­es du secteur pour s’équiper de machines leur per­me­t­tant de pra­ti­quer cette méth­ode. Les cou­voirs ont jusqu’au 1er mars pour prou­ver l’achat de la com­mande de ce matériel et jusqu’à la fin de l’année pour met­tre com­plète­ment en appli­ca­tion cette tech­nique.

Des poussins broyés puis jetés dans une benne à ordures © L214
Des poussins broyés puis jetés dans une benne à ordures © L214

Éti­enne Gangneron, vice-prési­dent de la FNSEA (le syn­di­cat agri­cole majori­taire), craint que cette mesure, qui pour­rait coûter plusieurs mil­lions d’euros à la fil­ière, n’engendre « un prob­lème de com­péti­tiv­ité ». Les cou­voirs « devront ven­dre un peu plus cher les poussins [femelles, ndlr] aux éleveurs et donc, der­rière, il faut que les éleveurs vendent un peu plus cher les œufs », a‑t-il expliqué à Fran­ce­in­fo. Or, « si les con­som­ma­teurs ne veu­lent pas pren­dre en charge ce coût et qu’ils achè­tent des œufs importés qui vien­nent d’autres pays n’ap­pli­quant pas cette méth­ode, on n’au­ra rien gag­né pour le bien-être ani­mal ».

D’autres, comme les candidat·es à la prési­den­tielle Yan­nick Jadot (EELV) ou Hélène Thouy (Par­ti ani­mal­iste) regret­tent l’in­stau­ra­tion du délai d’un an. « C’est une avancée pour 50 mil­lions de poussins, mais ça ne change pas fon­da­men­tale­ment la face de l’él­e­vage », a écrit sur Twit­ter la prési­dente de L214, Brigitte Goth­ière. Cette asso­ci­a­tion de défense du bien-être ani­mal réclame d’aller plus loin, en pen­sant « aux cane­tons femelles de l’in­dus­trie du foie gras qui subis­sent le même sort ».