La fonte qui glace. Une étude hors-norme dévoile à quel point la fonte des glaciers s’est accélérée au cours des 20 dernières années partout sur la planète.
Menée par le glaciologue Etienne Berthier, du laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales, une équipe internationale de scientifiques a réalisé la première cartographie quasi-exhaustive de l’évolution des glaciers du globe. Grâce au satellite Terra de la Nasa, elles et ils ont pu mesurer finement les variations connues par 200 000 d’entre eux entre 2000 et 2019. Soumises à des phénomènes différents, les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique ont été exclues de leurs travaux, mais pas les glaciers qui se trouvent en leur périphérie.
Publiée mercredi dans Nature, leur étude révèle que le rythme de la fonte a explosé en l’espace de deux décennies, passant de 227 milliards de tonnes (gigatonnes) par an entre 2000 et 2004, à 298 gigatonnes entre 2015 et 2019. A elles seules, sept régions du globe représentent 83% de la fonte totale. En tête : l’Alaska (25% – soit 68Gt par an), l’Arctique canadien (20%) et la périphérie du Groenland (13%).
Contrairement aux calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland, dont le rythme de la fonte a ralenti au début des années 2010, les glaciers se liquéfient donc de plus en plus vite. Cette surabondance d’eau due aux seuls glaciers compte pour 21% de l’augmentation du niveau des mers au cours de ces deux décennies, indique encore l’étude. Le reste est dû à la dilatation de l’eau sous l’effet du réchauffement.
Au XXIè siècle, l’élévation du niveau des mers menace directement les 200 millions d’êtres humains qui vivent en zone côtière proche du niveau de la mer. Mais la disparition des glaciers a aussi de graves conséquences au niveau local, comme le débordement des lacs glaciaires ou l’effondrement des montagnes structurées par la glace.