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La coopérative Railcoop devrait être liquidée, après d’ultimes rebonds judiciaires

Tchou ciao. L’avenir de Railcoop est suspendu à la décision du tribunal de Commerce de Cahors (Lot), qui sera rendue le 29 avril. Sauf revirement, celui-ci devrait prononcer la liquidation de la coopérative ferroviaire, quatre ans après son lancement. Ses dirigeant·es ont détaillé les raisons de l’échec d’un projet qui avait pourtant réussi à mobiliser 14 000 sociétaires.
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Railcoop voulait faire revivre la ligne de train entre Lyon et Bordeaux, fermée par la SNCF en 2014. Un doux rêve qui a déraillé en octobre 2023, lorsque l’entreprise a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Cahors, en raison de difficultés financières. Elle avait six mois avant l’audience de ce 15 avril pour convaincre les juges de sa capacité à redresser la barque. Même si le délibéré ne sera connu que le 29 avril, une ultime affaire a douché les espoirs des dirigeants et des 14 000 sociétaires qui craignent la liquidation.

C’est finalement de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) qu’est venu le couperet : le 21 mars, le tribunal de commerce a enjoint Railcoop à payer 160 000 euros à son prestataire ACC M, chargé du stockage et de la rénovation de ses deux rames ferroviaires. «Sans le paiement imposé de cette somme, nous aurions pu couvrir nos besoins de trésorerie jusqu’au début de 2025», a regretté Nicolas Debaisieux, président de Railcoop, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce mardi, au lendemain de l’audience de Cahors.

Créée en novembre 2019, Railcoop réunit 14 827 sociétaires au sein de sa Société coopérative d’intérêt collectif (Scic). © AdobeStock

«Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase» déjà rempli de difficultés financières et techniques, comme Vert l’avait raconté. En cause notamment : le modèle juridique de la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), peu rassurant pour les investisseurs privés. Fin 2023, la direction avait annoncé des discussions avec un fonds d’investissement espagnol. «Le modèle coopératif est bien pour des investissements de moindre importance, mais pas quand il s’agit de projets à 40 voire 50 millions d’euros», analyse Philippe Bourguignon, administrateur et ancien président de Railcoop. La société avait besoin de 11 millions d’euros supplémentaires pour faire aboutir son projet.

Depuis sa création en 2019, Railcoop a réussi à lever un total de 10 millions d’euros, dont 17% provenaient de collectivités locales. «Aujourd’hui, cet investissement est perdu», déplore Nicolas Debaisieux. Les sociétaires peuvent dire adieu à leur argent, mais ne devraient pas avoir à rembourser les 4 millions de dettes de Railcoop.

Malgré la disparition imminente de sa société et s’il reconnaît «des erreurs», Nicolas Debaisieux estime qu’«on peut être fier du chemin parcouru, de l’obstination, de la persévérance. On ne peut pas aller jusqu’au bout, mais nous avons levé beaucoup de barrières». De leur côté, certain·es associé·es de la coopérative envisagent la création d’une nouvelle structure associative pour rouvrir la ligne Lyon-Bordeaux, malgré tout.

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