Recadrage. Mercredi, la Cour de cassation a confirmé la condamnation de douze militant·es écologistes qui avaient décroché – sans violences – le portrait officiel d’Emmanuel Macron de plusieurs mairies en 2019.
Leur geste avait pour ambition de dénoncer l’« inaction climatique » du président de la République. Elles et ils avaient été condamné·es en appel à des peines d’amende de quelques centaines d’euros, parfois avec sursis, pour « vol en réunion » à la suite d’actions menées à Paris, dans la Drôme et dans le Bas-Rhin. Les faits ont été reconnus par les prévenu·es qui ont agi à visage découvert, souvent devant les médias, revendiquant leur action pour alerter l’opinion et interpeller les pouvoirs publics.
Les activistes d’Alternatiba et ANV-COP21 contestaient leur condamnation au nom de la liberté d’expression. Pour la Cour de cassation, toutefois, « la condamnation n’était pas disproportionnée au regard de la valeur symbolique du portrait du président de la République et du refus de le restituer tant que leurs revendications ne seraient pas satisfaites ». Ce refus est « indissociable du message politique des décrocheurs », justifie pour sa part l’avocat de la défense Ronald Maman.

Même si la Cour de cassation est la plus haute juridiction française, les militant·es ne lâchent pas l’affaire. Estimant que les critères retenus ne sont pas pertinents, elles et ils prévoient désormais de porter leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
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« Nous allons ainsi poursuivre le débat sur ce mode d’action, non violent, qui mobilise, pour une grande part, la jeunesse et qui est d’autant plus nécessaire que l’urgence climatique s’amplifie et que le président Macron a été réélu et risque donc de continuer à mener une politique qui n’est pas à la hauteur des enjeux » explique Pauline Boyer, porte-parole du mouvement et « décrocheuse » parisienne, dans les colonnes du Monde. « À la veille de la nomination d’un nouveau gouvernement, Action non-violente COP21 appelle à poursuivre la mobilisation face à un pouvoir exécutif qui reste sourd à l’alerte climatique », a réagi ANV-COP21. De son côté, Léa Chancelier, la porte-parole du groupe à Valence (Drôme), estime que la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon « présage un nouveau quinquennat perdu pour le climat, alors que nous ne pouvons pas nous le permettre ».
Plus de 150 portraits d’Emmanuel Macron avaient été subtilisés en 2019, donnant lieu à une cinquantaine de procès. Plusieurs tribunaux avaient prononcé des relaxes. En septembre, la Cour de cassation avait même cassé une décision de la Cour d’appel de Bordeaux, qui avait condamné huit autres décrocheurs (Libération). Depuis la campagne « Décrochons Macron », l’État a été condamné à deux reprises pour son inaction climatique (Vert).
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