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La Commission nationale du débat public réclame une discussion sur le redéploiement du nucléaire

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Idéaux et débats. Alors que le prési­dent veut relancer la con­struc­tion de nou­veaux réac­teurs nucléaires, cette autorité indépen­dante demande que les Français·es soient enfin consulté·s sur le sujet.

Peu con­nue, la Com­mis­sion nationale du débat pub­lic (CNDP) a pour mis­sion de « veiller au respect de la par­tic­i­pa­tion du pub­lic au proces­sus d’élab­o­ra­tion des pro­jets d’amé­nage­ment ou d’équipement d’in­térêt nation­al de l’É­tat, des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, des étab­lisse­ments publics et des per­son­nes privées […] dès lors qu’ils présen­tent de forts enjeux socio-économiques ou ont des impacts sig­ni­fi­cat­ifs sur l’en­vi­ron­nement ou l’amé­nage­ment du ter­ri­toire » (code de l’en­vi­ron­nement). C’est notam­ment elle qui a super­visé le grand débat nation­al organ­isé en 2019, avant d’étriller le manque d’im­par­tial­ité de l’exé­cu­tif, qui a fini par en repren­dre les com­man­des.

Le 9 novem­bre dernier, lors de son allo­cu­tion télévisée, Emmanuel Macron a annon­cé sa volon­té de « relancer la con­struc­tion de réac­teurs dans notre pays ». Or, pas plus que par le passé, il n’a été ques­tion de deman­der leur avis aux citoyen·nes : « le pub­lic n’a jamais pu être pleine­ment asso­cié à ces choix énergé­tiques majeurs con­cer­nant l’énergie nucléaire », rap­pelle la CNDP dans un avis présen­té jeu­di. Il s’ag­it pour­tant d’« un choix démoc­ra­tique majeur, engageant les généra­tions futures. Toute per­son­ne vivant en France doit pou­voir être pleine­ment infor­mée de ces enjeux et par­ticiper à l’élaboration des déci­sions con­cer­nant cette poli­tique », estime l’au­torité, dirigée par l’an­ci­enne secré­taire d’E­tat à l’é­colo­gie Chan­tal Jouan­no.

Pire, la CNDP note que la loi énergie-cli­mat votée fin 2019 « exclut explicite­ment du champ du débat pub­lic la pro­gram­ma­tion pluri­an­nuelle de l’énergie et la stratégie nationale bas-car­bone » ; deux feuilles de routes essen­tielles qui guident la poli­tique énergé­tique du pays. Faute de débat, indique encore la CNDP, il est à crain­dre « une rad­i­cal­i­sa­tion des con­flits et un accroisse­ment de la défi­ance à l’égard des respon­s­ables publics ». « Seul un débat con­duit dans le respect des principes d’indépendance, de trans­parence, de neu­tral­ité, d’argumentation, d’équivalence et d’inclusion […] peut con­tribuer à asseoir la légitim­ité de toute déci­sion future con­cer­nant l’énergie nucléaire en France » con­clut la Com­mis­sion.