Les bâtiments scolaires ne sont pas adaptés aux événements climatiques extrêmes. C’est, à grands traits, les conclusions du nouveau rapport de l’Alliance écologique et sociale, publié ce vendredi.
Ce collectif, qui rassemble notamment les ONG Greenpeace et Oxfam, et les syndicats CGT Education et Snes-FSU, a analysé de «nombreux témoignages», des données publiques, syndicales et associatives pour établir un état des lieux du bâti scolaire en France. Conclusion : 20 à 30% de celui-ci est «vétuste» et «inadapté».
Froid glacial en classe en hiver, fournaise en été, pluie qui goutte du plafond… les établissements sont nombreux à dénoncer des problèmes d’isolation. «Lors des périodes de chaleur, la température est de 30°C à 8h30, malgré une ouverture des fenêtres à 6h30», témoignent des agent·es d’une école élémentaire de Cénon, en Gironde. Constat similaire dans un établissement de Mitry-Mory, en Seine-en-Marne : «J’enseigne dans un très vieux préfabriqué vétuste, il n’est pas isolé, il n’y a pas de ventilation et c’est du simple vitrage. L’été, il fait très chaud ; l’hiver, il fait très froid. Ce bâtiment pèse sur mon état psychologique.»
Début juillet, plus de 2 000 établissements sont restés fermés, essentiellement des écoles, à cause d’une vague de chaleur. «On a vu dans les enquêtes syndicales précédentes qu’on était autour de 50% d’établissements scolaires qui n’avaient pas de protection solaire extérieure, pas de volets», explique Cyril Verlingue, du Snes-FSU.
La vétusté dénoncée va au-delà des problèmes thermiques : «dégradation des murs, des sols, du matériel, etc. On peut avoir de l’amiante…», poursuit Cyril Verlingue. Selon l’étude, la présence de moisissures est visible dans 18% des locaux. Les infiltrations et l’humidité sont relevées une fois sur deux et des inondations en cas de pluie une fois sur quatre.
«Cette vétusté dégrade mécaniquement la qualité de l’air intérieur, la contamination fongique étant un facteur de pollution au même titre que les substances chimiques, [qui émanent autant] des matériaux et fournitures que des produits d’entretien», alertent les associations. Selon un rapport récent de Santé publique France, une réduction des expositions aux polluants intérieurs et aux moisissures dans les classes permettrait d’éviter 30 000 cas d’asthme chaque année et près de 12 000 cas de sifflements.
«Renvoyer les élèves chez eux n’est pas acceptable»
Le rapport pointe également l’état «lamentable» des écoles des départements et régions d’outre-mer, qui font face à des retards d’investissements dans le bâti, auxquels s’ajoutent des coupures d’eau «systématiques dans plusieurs territoires [la Guadeloupe et la Martinique notamment, NDLR] et qui contraignent régulièrement les écoles à fermer.»
Face à tous ces constats, le collectif réclame un plan de rénovation évalué à cinq milliards d’euros par an pendant dix ans. Il doit permettre la création d’un observatoire du bâti scolaire pour suivre la situation «établissement par établissement». Les associations demandent aussi au gouvernement de mettre en place un protocole «clair et à la hauteur», à appliquer lors de canicules ou autres événements climatiques intenses. «Renvoyer systématiquement les élèves chez eux quand il fait chaud n’est pas acceptable», insiste Nicolas Nace, de Greenpeace, martelant que les canicules devraient se multiplier avec le réchauffement climatique.
En 2023, le gouvernement avait déjà lancé un plan de rénovation énergétique du bâti scolaire, «EduRenov», qui devait permettre de financer deux milliards d’euros de travaux d’ici à 2027 dans près de 10 000 établissements. D’après les associations du collectif, seuls 3 000 d’entre eux ont été rénovés en deux ans – sur plus de 58 000 au total en France –, ce qui leur semble insuffisant, et pour des travaux jugés trop partiels.
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