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«Identifier les coraux de demain» : la goélette Tara repart en expédition dans l’«Amazonie des mers» et ses mystérieux récifs

Au Sud, c'étaient les coraux. Le voilier historique de la fondation Tara reprend le large dimanche depuis le port de Lorient. Sa mission : explorer pendant deux ans le triangle de corail, au sud-est de l'Asie. À son bord, les scientifiques chercheront à mieux comprendre les récifs coralliens et leur résilience face au changement climatique.
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Quelles espèces de coraux sont les plus résistantes face à la hausse des températures marines ? Certaines d’entre elles pourraient-elles survivre au réchauffement climatique d’ici la fin du siècle ? Quel rôle pourraient jouer les petits organismes qui vivent en symbiose avec ces animaux marins hors du commun ? Autant de questions pour l’équipage scientifique de la nouvelle expédition «Tara Coral», qui s’élance dimanche 14 décembre depuis le port de Lorient (Morbihan).

Construite à la fin des années 1980 par l’explorateur Jean-Louis Étienne, la goélette Tara participe régulièrement à des missions scientifiques. © Valentin Lauféron/Fondation Tara Océan

Dix ans après une première grande expédition consacrée aux récifs coralliens dans l’océan Pacifique, le célèbre voilier Tara reprend le large pour deux ans pour étudier ces écosystèmes aux avant-postes du changement climatique. La goélette française se rendra cette fois dans le triangle de corail, cette zone de l’océan Pacifique située au sud-est de l’Asie, entre l’Indonésie, les Philippines et les îles Salomon.

Un tiers des coraux de la planète

Cet espace maritime est parfois surnommé l’«Amazonie des mers» en raison de la richesse de sa biodiversité sous-marine. Sur près de six millions de mètres carrés, la zone abrite un tiers des récifs coraliens de la planète, avec une très grande diversité d’espèces différentes.

Baie de Kimbe, récifs des Palaos, Banggai… De 2026 à 2028, l’expédition «Tara Coral» s’arrêtera en dix endroits d’intérêt scientifique. À son bord, une dizaine de scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de centres de recherche locaux effectueront des plongées et des échantillonnages sur différentes espèces de coraux.

Un chercheur prélève des coraux lors de l’expédition «Tara Pacific» (2016-2018). © Pete West/Fondation Tara Ocean

«C’est la première fois qu’on fait entrer dans les consortiums Tara des laboratoires locaux des pays dans lesquels on passe», a salué Romain Troublé, le directeur de la fondation Tara Océan, en charge de l’expédition. Le bateau accueillera aussi des artistes et des correspondant·es de bord pour raconter l’aventure d’une autre manière.

«Une zone très intéressante pour essayer d’identifier quels sont les coraux de demain»

Les récifs coralliens abritent un quart de la biodiversité marine connue dans le monde et font vivre plus de 500 millions de personnes à travers la planète. Mais ces précieux écosystèmes sont de plus en plus menacés par les «changements globaux, comme l’augmentation de la température atmosphérique, et donc celle de l’océan ; par l’augmentation du CO2 dans l’océan, qui se traduit par une acidification ; ou encore par la montée des eaux due à la fonte des glaciers», liste Paola Furla, codirectrice scientifique de la mission. Pratiques de pêche destructrices, urbanisation, pollution… D’autres pressions locales peuvent empirer la situation.

«Dans le triangle de corail, cette tendance à la disparition des récifs est beaucoup moins importante.»

Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) sur l’océan et la cryosphère de 2019 estime que 70 à 90% des coraux de la planète pourraient mourir avec un réchauffement mondial de +1,5°C (par rapport à 1850), voire 99% d’entre eux avec une hausse de 2°C. «Dans le triangle de corail, cette tendance à la disparition des récifs est beaucoup moins importante, et on a même des zones où la couverture corallienne est en croissance, observe Paola Furla. On a donc ici une zone très intéressante pour essayer d’identifier quels sont les coraux de demain et ceux qui peuvent encore présenter de la tolérance face au réchauffement climatique.»

Parmi les facteurs pouvant expliquer cette résistance : la diversité des organismes peuplant les récifs, la présence d’espèces de coraux plus résistantes ou encore celle d’individus qui ont déjà su s’adapter à des changements climatiques passés.

«On se demande aussi si, dans ces zones, il n’y aurait pas des remontées d’eaux froides qui permettraient à la température de l’eau de se maintenir quelques degrés plus bas pour ne pas être impactée par le réchauffement climatique», complète Serge Planes, l’autre codirecteur scientifique de la mission. La nouvelle expédition Tara permettra de tester ces hypothèses, avec des publications scientifiques à venir dans les prochaines années.

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