La bonne idée

Et si on mettait l’épargne salariale au service du climat ?

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Ain­si fonds, fonds, fonds. Alors qu’en France, l’épargne salar­i­ale finance les éner­gies fos­siles à hau­teur de 26 mil­liards d’euros, des organ­i­sa­tions pro­fes­sion­nelles et envi­ron­nemen­tales appel­lent les salarié·es à deman­der la créa­tion de fonds «trans­par­ents, diver­si­fiés et des ges­tion­naires d’actifs engagés».

En 2020, 9,5 mil­lions de salarié·es avaient accès à l’épargne salar­i­ale, une prime à la per­for­mance de l’entreprise (intéresse­ment) ou une part des béné­fices (par­tic­i­pa­tion) placée sur un livret. Prob­lème : la majorité de ce grand bas de laine est cap­té par des «ges­tion­naires d’actifs aux pra­tiques néfastes pour le cli­mat», expliquent l’ONG Reclaim Finance, le Mou­ve­ment impact France, les Col­lec­tifs, Pour un réveil écologique, le syn­di­cat du Print­emps écologique et le Cen­tre des jeunes dirigeants dans un man­i­feste et une tri­bune parus ce lun­di à l’occasion de la semaine de l’épargne salar­i­ale.

«Les salarié·es peu­vent se sen­tir dépos­sédés de leur épargne car ils n’ont pas accès à une infor­ma­tion claire et ils n’ont sou­vent pas le choix des fonds dans lesquels ils investis­sent leur argent», explique à Vert Julie San­soucy, chargée de cam­pagne chez Reclaim finance. En sep­tem­bre 2022, selon l’ONG, les prin­ci­paux acteurs que sont Amun­di, Natix­is IM, Crédit Mutuel AM, Axa IM et BNP Paribas AM (qui con­cen­trent 85% de cette épargne), déte­naient 25,6 mil­liards d’euros d’actifs dans les entre­pris­es dévelop­pant des pro­jets d’énergie fos­sile. Or, l’épargne salar­i­ale, qui représente 158 mil­liards d’euros, pour­rait être redirigée vers les secteurs de la tran­si­tion écologique.

«Aujourd’hui, il est très com­pliqué de suiv­re où va l’argent. On peut financer Total­En­er­gies avec un fonds dit “vert” parce que le pétroli­er fait aus­si un peu d’énergies renou­ve­lables», explique à Vert Anne le Corre, cofon­da­trice du syn­di­cat Print­emps écologique.

Les salarié·es dis­posent de plusieurs leviers d’action. Pour mieux com­pren­dre com­ment fonc­tionne son épargne salar­i­ale, Reclaim finance pro­pose un accom­pa­g­ne­ment gra­tu­it. «Après avoir scan­né leur fonds, des organes de gou­ver­nance exis­tent pour rené­goci­er les con­trats : le Comité social et économique (CSE) et le con­seil de sur­veil­lance des fonds.», explique à Vert, Julie San­soucy, chargée de cam­pagne chez Reclaim finance. Ces instances peu­vent deman­der plus de trans­parence pour avoir accès à l’ensemble des entre­pris­es financées, un choix plus diver­si­fié avec un fonds «qui exclut toutes les entre­pris­es dévelop­pant de nou­veaux pro­jets fos­siles» et l’engagement des ges­tion­naires d’actifs à accom­pa­g­n­er leurs clients à sor­tir des éner­gies fos­siles et à se fix­er des objec­tifs de décar­bon­a­tion.