Le rédacteur en chef de Vert est parti à la recherche de la transition écologique du côté du gouvernement français. Ce qu’il a découvert va vous surprendre (ou pas). Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter le 4 septembre 2024.
Mathieu Vidard : Loup, vous avez l’air parfaitement détendu en cette rentrée, vous avez passé un bel été ?
Loup Espargilière : Écoutez Mathieu, je suis effectivement décontracté comme jamais, mais ça n’a rien à voir avec mes vacances. Si je suis aussi relax, c’est parce que cela fait des mois que je n’ai entendu aucun ministre nous seriner avec la crise climatique, et je ne voudrais pas trop m’avancer, mais je pense que ça veut dire que le problème est réglé.
Au risque de vous décevoir, ce n’est pas tout à fait le cas…
Oh là là, quelle fatigue… Vous ne voudriez pas essayer de voir le verre à moitié plein cette année, Mathieu ?
Au moins sur ce sujet, on peut dire qu’Emmanuel Macron a tenu sa parole. Rappelez-vous : en avril 2022, pour se faire réélire grâce aux voix de la gauche et des écologistes face à Marine Le Pen — un indémodable — il avait juré que son second mandat «serait écologique ou ne serait pas».
Deux ans plus tard, force est de constater qu’il n’avait pas menti : son quinquennat… n’est plus.
Bon, c’est vrai que ces derniers mois, il a fait très fort, en mettant sous le tapis à peu près tous les chantiers majeurs de la transition écologique.
Plus personne n’a de nouvelles de la planification écologique, qui devait être l’alpha et l’oméga de sa politique. Pas de news non plus de dossiers énormes comme la programmation pluriannuelle de l’énergie ou la stratégie nationale bas-carbone, qui devaient définir nos objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre, de consommation d’énergie ou de développement des renouvelables.
Une alerte enlèvement a même été activée pour tenter de retrouver le plan national d’adaptation au changement climatique — si vous le voyez, n’essayez surtout pas d’intervenir directement, et appelez immédiatement le numéro vert prévu à cet effet.
En juin dernier, Emmanuel Macron a fait encore mieux en dissolvant l’Assemblée nationale, puisque cette dissolution a eu pour effet de mettre à la poubelle d’autres énormes textes en cours d’examen, dont je vous épargne la liste.
Le gouvernement a tout de même lancé le nouveau service civique écologique, ce n’est pas rien !
C’est effectivement LA bonne nouvelle de cette rentrée : grâce à ce nouveau dispositif, on devrait pouvoir remplacer Christophe Béchu par quelqu’un d’au moins aussi efficace… pour le prix d’un stagiaire.
Alors, je médis, je médis, mais il y en a un qui s’active sérieusement, malgré sa démission : c’est Gabriel Attal.
Le 20 août — c’est la date de mon anniversaire mais cela n’a rien à voir — celui qui est censé ne s’occuper que des affaires courantes du pays a carrément demandé à Christophe Béchu de sabrer certaines dépenses du ministère de l’Écologie :
Moins un milliard d’euros pour le fonds vert censé aidé les collectivités locales à faire leur transition. Moins 500 millions pour les aides à la conversion vers la voiture électrique. Moins 500 millions, sur le milliard et demi d’euros du budget de l’Ademe, l’agence de la transition écologique, qui soutient un nombre incalculable de projets partout en France.
Eh beh, qu’est-ce que ce serait si Gabriel Attal était encore en poste…
Alors, qu’est-ce qu’on fait pour sortir de cette impasse ?
Merci pour cette excellente question, puisque j’ai ma petite idée de ce qu’il faudrait faire pour relancer la transition écologique et la démocratie en France. Je propose que l’on tire au sort 150 citoyens, qu’on leur fasse écrire, avec l’aide des meilleurs experts, toutes les lois qu’il nous faut pour atteindre nos objectifs climatiques, et ensuite, on transmet tout ça «sans filtre» au Parlement.
On pourrait appeler ça, la «Conférence républicaine pour l’écologie», ou la «Convention citoyenne pour le climat»… Qu’en pense Cyril Dion ? 📻
📻 Vert est sur France inter ! Tous les mercredis à 14h50, retrouvez une nouvelle chronique d’actualité de nos journalistes Loup Espargilière et Juliette Quef en direct dans la Terre au carré.