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En Corse, une nouvelle étape vers la reconnaissance des droits du fleuve Tavignanu

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Flot le pro­téger. L’Assem­blée de Corse vient d’ac­corder son sou­tien pub­lic à la Déc­la­ra­tion des droits du fleuve Tavi­g­nanu, men­acé par un pro­jet d’en­fouisse­ment de déchets.

Le fleuve Tavi­g­nanu est le deux­ième plus long fleuve de Corse. C’est un écrin de bio­di­ver­sité, avec des espèces endémiques pro­tégées, qui sert aus­si d’ap­pro­vi­sion­nement en eau potable. Sur ses bor­ds, dans la com­mune de Giuncag­gio, la société Ori­ente envi­ron­nement compte implanter un cen­tre d’en­fouisse­ment de déchets ménagers et ami­antés.

Ce qui n’est pas du goût du col­lec­tif Tavi­g­nanu Vivu, engagé depuis 2016 dans un bras de fer con­tre ce pro­jet. Les démarch­es judi­ci­aires entre­pris­es jusqu’à main­tenant n’ont pas abouti : la cour admin­is­tra­tive d’ap­pel de Mar­seille puis le Con­seil d’État ont débouté ses deman­des, con­fir­mant l’au­tori­sa­tion de la con­struc­tion du cen­tre d’en­fouisse­ment.

Le fleuve Tavi­g­nanu en Corse © Tavi­g­nanu Vivu

Qu’à cela ne tienne ! Épaulé par l’as­so­ci­a­tion Notre Affaire à tous, le col­lec­tif a rédigé en juil­let dernier une Déc­la­ra­tion des droits du fleuve Tavi­g­nanu, pour ten­ter de le pro­téger au mieux en faisant recon­naître ses droits à un max­i­mum d’ac­teurs. Par 49 voix « pour » et 14 absten­tions, l’Assem­blée de Corse a apporté son sou­tien au texte grâce à une motion votée en décem­bre. Auprès de Vert, la porte-parole du col­lec­tif Tavi­g­nanu Vivu, Pas­cale Bona, se réjouit de ce « sou­tien poli­tique très impor­tant » et espère que « cela don­nera une autre force à [leur] bataille ».

Pour elle, c’est le signe que leur oppo­si­tion peut con­tin­uer : « La prochaine étape, c’est l’Eu­rope ». « C’est vrai que la sit­u­a­tion sur le plan de la ges­tion des déchets est très com­plexe en Corse, mais il est pos­si­ble de trou­ver d’autres solu­tions plus val­ables », ajoute-t-elle. Si les droits du fleuve Tavi­g­nanu finis­sent par être offi­cielle­ment recon­nus, cela pour­rait per­me­t­tre d’ou­vrir des nou­velles voies en jus­tice con­tre l’in­stal­la­tion du cen­tre d’en­fouisse­ment des déchets.

La Déc­la­ra­tion des droits du fleuve Tavi­g­nanu s’in­scrit dans le sil­lage d’autres ini­tia­tives visant à faire recon­naître des droits à la nature afin de mieux la pro­téger. C’est le cas en France avec le lance­ment en 2019 du Par­lement de Loire. Ailleurs dans le monde, cer­tains élé­ments naturels se sont vus accorder une per­son­nal­ité juridique, comme le fleuve Whanganui en Nou­velle-Zélande, per­me­t­tant de défendre ses droits et ses intérêts devant la jus­tice en déposant, par exem­ple, des plaintes en son nom.