Biodiversité

En Alsace, l’agriculture intensive menace le grand hamster de disparition

  • Par

Rat le bol. Ces dernières décennies, le développement des monocultures de céréales a bouleversé le mode de vie de ce gros rongeur. Une petite population survit difficilement dans la plaine alsacienne.

Avec ses grosses joues blanches et ses petits yeux noirs, le grand hamster d’Europe a tout pour plaire. Pourtant, il est au bord de l’extinction en Alsace, où subsiste la dernière population française.

💡 Pollutions, surexploitation, changements climatiques… le «Giec de la biodiversité» a identifié cinq grandes causes de l’effondrement de la biodiversité. À l’occasion de la COP16 de Cali (Colombie), Vert part à la rencontre de cinq espèces qui symbolisent ces problématiques en France.

Le cas du grand hamster est typique de l’impact du «changement d’utilisation des terres» – destruction et fragmentation des habitats, urbanisation, etc. -, première cause d’effondrement de la biodiversité selon le rapport de l’IPBES (le «Giec de la biodiversité»).

Le grand hamster d’Europe est classé en danger critique d’extinction depuis 2020. @Nicolas Busser/CNRS

Carences alimentaires, cannibalisme, prédation

Animal emblématique des champs, où il creuse ses terriers, le grand hamster a gravement souffert de la révolution agricole amorcée dans les années 1960. Monocultures, agrandissement des parcelles… «Ces pratiques réduisent la diversité de son alimentation», analyse auprès de Vert Caroline Habold, chercheuse en écophysiologie animale au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

La chercheuse étudie depuis 2010 les derniers hamsters d’Alsace. Son équipe de recherche a découvert que le développement massif des grandes monocultures de céréales mène ce gros rongeur à des carences alimentaires.

Par exemple, en se nourrissant presque exclusivement de maïs, le hamster manque de vitamine B3. «Cette carence entraîne du cannibalisme chez les femelles, qui vont manger leurs petits après avoir mis bas», décrit Caroline Habold.

«Les récoltes sont aussi plus monotones, avec une grande partie de l’année sans couvert végétal, ce qui l’expose à la prédation», complète-t-elle.

Un changement des pratiques agricoles qui laisse de l’espoir

Longtemps considéré comme nuisible en France, le grand hamster d’Europe est protégé depuis 1993. 400 à 500 individus d’élevage sont relâchés tous les ans près de Strasbourg : «sans ces renforcements de population, il n’y aurait plus de hamsters en Alsace», souffle Caroline Habold.

A Ittenheim (Bas-Rhin), des scientifiques ont créé une parcelle expérimentale pour étudier l’impact des pratiques agricoles sur la santé du grand hamster. © Nicolas Busser/CNRS

Pour son équipe de recherche, la priorité reste de restaurer l’habitat en concertation avec les agriculteur·ices. Mélanges de cultures pour diversifier l’alimentation du hamster, «bandes refuges» au milieu des champs de maïs avec des plantations variées… les solutions existent et se multiplient.

Leurs effets commencent à se faire sentir : en 2024, l’Office français de la biodiversité (OFB) a recensé 1 155 terriers en Alsace, un chiffre qui augmente légèrement au fil des années. Caroline Habold est optimiste : «avec la motivation des agriculteurs en Alsace, on arrivera à sauver la population».

Cinq minutes.

C’est le temps consacré à l’écologie sur les 3h10 de l’interview d’Emmanuel Macron le 13 mai dernier sur TF1. Alors que nous venons de vivre l’année la plus chaude depuis 100 000 ans.

Dans le même temps, des milliardaires rachètent médias et réseaux sociaux pour servir un projet réactionnaire, en détruisant le réel à coups de fake news et d’IA.

Il faut s’en inquiéter. Mais ce n’est pas une fatalité. Il est encore temps d’inverser la vapeur en vous engageant à nos côtés.

Nous avons un plan pour lutter contre la désinformation sur les réseaux, toucher un public toujours plus large :

👉 recruter deux journalistes, spécialistes du climat et de la biodiversité, pour vous proposer plus d’enquêtes et mieux décrypter les enjeux

👉 recruter deux journalistes vidéo, pour lancer un tout nouveau pôle vidéo qui décryptera l’actu, et débunkera les propos mensongers de politiques ou de climatosceptiques

👉 lancer un nouveau podcast

👉 poser aux candidat·es les questions vitales qu’on ne leur pose jamais

Pour y parvenir en restant 100% indépendants, nous avons besoin de vous.

Notre objectif : 10 000 membres du Club avant le 22 juin. Cet objectif est ambitieux, mais nous savons que nous avons toujours pu compter sur vous, chères lectrices et chers lecteurs.

Ne rien faire, c’est laisser le champ libre à tous les acteurs de la désinformation et laisser mourir le débat sur l'écologie.

Soutenir Vert, c’est s’engager pour une meilleure information pour toutes et tous, et faire vivre la démocratie.

je m'inscris à Vert

Toute l'actualité de l'écologie dans votre boîte mail à prix libre.

Je veux recevoir :
En savoir +