Pour dénoncer la pollution lumineuse des affichages publicitaires et demander leur interdiction, cinq associations ont mené une opération coordonnée au niveau national. Alors que l’année 2022 a enregistré une baisse de la consommation électrique, rien n’est encore prévu pour pérenniser les mesures de sobriété.
«Laisser ce panneau allumé quand on nous demande la sobriété, c’est absurde»; dimanche matin, près de 38 villes françaises se sont réveillées avec ce message placardé sur bon nombre de leurs panneaux publicitaires lumineux. Dans la nuit, cinq associations se sont coordonnées au niveau national pour dénoncer la pollution lumineuse de ces affichages aux antipodes de la crise énergétique. Les militant·es d’Alternatiba, ANV-COP21, Extinction rebellion France, Greenpeace France et Résistance à l’agression publicitaire (RAP) ont éteint ou recouvert près de 2 400 panneaux à travers le pays.
Les activistes ont voulu «dénoncer le gaspillage énergétique des publicités lumineuses et l’injuste répartition des efforts» en matière de sobriété. L’extinction obligatoire des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin en vigueur depuis octobre ne suffit pas : «Les pics de consommation du réseau ont lieu en journée, notamment entre 18h et 20h : ce n’est pas la nuit que l’on risque de manquer d’électricité !», déplorent les activistes.
Une consommation équivalente à celle d’un ménage sur une année
D’après un sondage BVA pour Greenpeace publié en décembre, 85% des Français·es sont favorables à la réduction des écrans numériques publicitaires présents dans l’espace public. Plus de la moitié (54%) souhaitent leur interdiction. Fortes d’une pétition signée par plus de 60 000 personnes, les associations demandent «l’extinction des façades, enseignes, vitrines, écrans de tous les commerces dès leur fermeture; ainsi que l’extinction complète, quelle que soit l’heure de la journée, de l’ensemble des panneaux publicitaires lumineux et des écrans numériques dans l’espace public».
Loin de miser sur l’interdiction complète, les grands groupes de la publicité extérieure équipent leur panneaux lumineux pour être capables de les éteindre à distance en cas de fortes tensions sur le réseau électrique, comme l’exigera la loi à partir du 1 er juin 2023. En 2020, l’Agence de la transition écologique (Ademe) estimait qu’un écran publicitaires numériques consommait presque autant d’énergie sur une année qu’un ménage (hors chauffage et eau chaude, soit 2 000 kWh/an).
Dans son bilan de 2022, le gestionnaire du réseau électrique RTE reconnait que «la mobilisation nationale en faveur des économies d’énergie a joué un rôle important» dans la réduction de la consommation – celle-ci est estimée à 4,2% par rapport aux moyennes historiques (2014-2019). Pour diviser par deux notre consommation d’énergie d’ici à 2050, comme le veut la loi française, peut-être faudra-t-il cesser de tomber dans le panneau ?
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