Dans l’océan Indien, le vivant est éreinté par la surpêche

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Il est temps de chang­er de thon. Dans l’ouest de l’océan Indi­en, la pêche indus­trielle épuise la mer et men­ace les com­mu­nautés locales, alerte Green­peace.

Les écosys­tèmes marins subis­sent les effets cumulés de l’in­dus­trie du pois­son et l’ef­fon­drement cli­ma­tique. L’océan Indi­en, dont au moins un tiers des espèces sont sur­pêchées, est en pre­mière ligne de cette dou­ble crise, s’alarme un rap­port de l’ONG paru le 12 avril. On y cap­ture au moins 20 % du thon pêché dans le monde. Cer­tains bateaux peu­vent en attrap­er jusqu’à trois tonnes par jour.

En début d’an­née, Green­peace a pu y observ­er l’u­til­i­sa­tion de filets déri­vants de 30 km de large tirés par sept bateaux. Surnom­més « murs de la mort », ceux-ci sont inter­dits depuis 1992 par l’assem­blée générale des Nations Unies. Leurs mailles con­stituent des pièges mor­tels pour de nom­breuses espèces : depuis 1950, 4 mil­lions de cétacés ont été tués par les filets déri­vants. Dans cer­taines zones de l’océan Indi­en, la pop­u­la­tion des requins s’est effon­drée de 85 % par rap­port aux années 70 (Nature).

Dis­posi­tif de con­cen­tra­tion de pois­sons dans l’océan Indi­en. © Will Rose / Green­peace

Peu pro­fond et très riche, l’Océan Indi­en abrite 30 % des coraux, 40 000 km² de man­groves (marais mar­itimes) et neuf écosys­tèmes marins. De l’Afrique du Sud à l’ouest de l’Aus­tralie, les 36 États côtiers qui le bor­dent accueil­lent près d’un tiers de l’hu­man­ité. Leur ali­men­ta­tion en pro­téines dépend jusqu’à 50 % des pro­duits de la mer.

La Com­mis­sion des Thons de l’Océan Indi­en, cen­sée y réguler la pêche, est lour­de­ment influ­encée par les flottes indus­trielles occi­den­tales et leur recherche de prof­its, dénonce Green­peace. Les pêcheries locales en sont les pre­mières vic­times, et avec elles la sou­veraineté ali­men­taire des pays en développe­ment.

Un nou­veau traité inter­na­tion­al sur la pro­tec­tion des océans est en cours de négo­ci­a­tion sous l’égide des Nations Unies. Alors que deux tiers des océans échap­pent à toute régu­la­tion nationale, l’ONG recom­mande que 30 % des océans soient con­ver­tis en zones pro­tégées et inter­dites de pêche d’i­ci 2030.