Vert au carré

COP16 sur la biodiversité : passer de la parole aux actes, la chronique de Juliette Quef dans la Terre au carré

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La présidente de Vert revient sur le Sommet mondial sur la biodiversité, qui s’est ouvert lundi en Colombie. Une sorte de partie de Monopoly XXL, où le but est de préserver la vie sur Terre. Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter le 23 octobre 2024.

Mathieu Vidard : lundi a commencé la COP16 sur la biodiversité, à Cali. C’est quoi encore cette nouvelle COP, Juliette ? 

C’est le 16ème Sommet mondial (COP) sur la biodiversité, Mathieu. Il s’est ouvert lundi au cœur d’un pays d’une diversité biologique incroyable, mais qui est aussi l’endroit le plus meurtrier au monde pour les défenseuses et les défenseurs de l’environnement : j’ai nommé la Colombie.

Pour bien vous représenter ce qu’est une COP, imaginez une fourmilière géante : 15 000 participants qui viennent de 196 pays. On y croise des négociateurs des États qui mènent les discussions officielles, des représentants de la société civile qui font pression pour obtenir des avancées, des représentants d’intérêts privés aussi, et pas mal de journalistes qui essaient de vous raconter tout ça.

C’est une espèce de partie de Monopoly XXL, sauf que le but ce n’est pas d’acheter la rue de la Paix, mais de préserver la vie sur Terre.

Vous connaissez les COP sur le climat, qui se déroulent chaque année. Les COP sur la biodiversité, elles, ont lieu tous les deux ans. En 2022, j’étais à la COP15 à Montréal, au Canada, lorsqu’un accord historique a été adopté, avec 23 grands objectifs à atteindre d’ici 2030, pour freiner la sixième extinction de masse.

Par exemple, protéger 30% des terres et mers, restaurer 30% des écosystèmes dégradés ou encore réduire de moitié les «risques liés aux pesticides». Mais cet accord n’est pas contraignant et chaque pays fixe lui-même ses propres cibles.

Alors, est-ce qu’il y a un espoir d’obtenir de vraies avancées pour la préservation de la biodiversité avec cette COP16 ?

Pour ça, il va falloir passer de la parole aux actes. Avant d’arriver à Cali, les États avaient des devoirs à rendre. Ils devaient fournir un plan d’action pour expliquer comment ils allaient faire pour atteindre leurs objectifs. Sauf que seuls 34 participants l’ont fait, sur 196 – dont la France (cocorico) et l’Union européenne. Mais ça fait quand même 162 pays en retard…

Et ce n’est pas tout ! Le nerf de la guerre, on le sait, c’est l’argent. Après la dernière COP, un fonds de solidarité a été créé pour aider les pays en développement à protéger le vivant. Ce fonds n’a reçu que 400 millions de dollars jusqu’à présent, sur un objectif de 30 milliards d’ici 2030. Ça fait seulement 1,3% du total. On n’y est pas, mais alors pas du tout !

Enfin, ce sommet doit mettre en lumière le rôle des peuples autochtones dans la préservation des espèces animales et végétales. Là-dessus, on peut espérer quelques avancées, parce que la COP est présidée par la ministre de l’environnement colombienne, Susana Muhamad, qui est très engagée sur ce sujet.

Pour que ça fonctionne, il faudrait aussi que la biodiversité intéresse au moins autant que le climat…

Vous avez raison Mathieu, la COP sur la biodiversité est bien moins courue que celle sur le climat. Cette année, une douzaine de chef·fes d’État sont attendu·es, c’est mieux que les fois précédentes, mais c’est encore très peu.

Pourtant, les chiffres sont alarmants. 73% des populations de vertébrés sauvages se sont effondrées entre 1970 et 2020, selon l’ONG WWF. C’est -95% en Amérique latine.

Heureusement que le thème de cette édition c’est «La paix avec la nature», parce que tout indique que nous lui livrons une guerre sans pitié. On surexploite les ressources, on détruit les milieux de vie, on détraque le climat, on répand du plastique et des pesticides partout. Bref, les humains, en particulier les occidentaux les plus riches, sont de vrais champions de la destruction.

Sauf que cette guerre est avant tout une guerre contre nous-mêmes, puisque nous faisons partie de la grande chaîne du vivant, et que nous dépendons des services rendus par la nature pour vivre – comme de l’eau potable pour boire, ou des plantes pollinisées par les insectes pour manger.

Alors, à force de jouer les apprentis sorciers avec la biodiversité, tout ça risque fort de nous retomber sur le coin du nez.

📻 Vert est sur France inter ! Tous les mercredis à 14h50, retrouvez une nouvelle chronique d’actualité de nos journalistes Loup Espargilière et Juliette Quef en direct dans la Terre au carré.

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