Congrès de l’UICN : un message fort, et après ?

  • Par

Le con­grès mon­di­al de l’U­nion inter­na­tionale pour la con­ser­va­tion de la nature (UICN) s’est achevé ven­dre­di par de nom­breuses déc­la­ra­tions résolues, mais la bonne volon­té des Etats laisse tou­jours à désir­er.

« L’humanité a atteint un point de bas­cule. Notre fenêtre de tir pour répon­dre à ces urgences inter­dépen­dantes [bio­di­ver­sité et cli­mat, NLDR] et partager équitable­ment les ressources de la planète se réduit très vite. Nos sys­tèmes exis­tants ne fonc­tion­nent pas. » Ces mots, con­tenus dans le « man­i­feste de Mar­seille » qui con­clut dix jours de con­férences, débats et trac­ta­tions, sig­nent l’ur­gence du moment.

Dans ce texte de clô­ture, l’UICN exhorte les gou­verne­ments à s’at­ta­quer au réchauf­fe­ment cli­ma­tique, ain­si qu’« aux fac­teurs qui dimin­u­ent la vie » — pol­lu­ants agri­coles ou indus­triels, plas­tiques qui inon­dent les océans, sur­pêche, etc.. Mais aus­si à adopter des plans de relance « fondés sur la nature », à « entre­pren­dre la réforme des sys­tèmes financiers, économiques et régle­men­taires », à « met­tre un terme aux sub­ven­tions néfastes pour la nature » et à cess­er les investisse­ments dans les éner­gies fos­siles.

Des mem­bres du con­grès obser­vent une minute de silence pour les défenseur·se·s de l’en­vi­ron­nement tué·e·s en 2020 © UICN

En fin de semaine dernière, plus de 1 300 mem­bres de l’UICN – représentant·e·s d’E­tats, d’ONG et de peu­ples autochtones — ont adop­té des dizaines de motions sur une foule de sujets. Non-con­traig­nantes, elles per­me­t­tent de fix­er un cap pour les années à venir. Par­mi celles-ci (la liste ici) : l’ob­jec­tif de 30% d’aires marines pro­tégées d’i­ci 2030 ; de pro­téger 80% de la forêt ama­zoni­enne en 2025 ; la lutte con­tre la pol­lu­tion plas­tique ; un mora­toire sur l’ex­ploita­tion minière des fonds marins.

Or, la France, qui hébergeait ce som­met, a refusé de soutenir cette dernière motion. Peut-être parce qu’en mai dernier, une cir­cu­laire min­istérielle sur la stratégie nationale d’ex­plo­ration et d’ex­ploita­tion des ressources minérales dans les grands fonds marins fix­ait comme pri­or­ité de « val­oris­er les ressources des grands fonds marins en lien avec le poten­tiel indus­triel français ». En out­re, l’exé­cu­tif a promis à Mar­seille que 5% de la Méditer­ranée serait placée en pro­tec­tion « forte » d’i­ci 2027 ; un net recul, alors qu’en jan­vi­er 2021, le gou­verne­ment prévoy­ait de pro­téger forte­ment 10% des aires marines nationales dès l’an­née prochaine. De quoi douter de l’am­bi­tion trompétée par tous.

A l’en­tame d’une année cru­ciale, où se suc­céderont la 26ème con­férence des par­ties de l’ONU pour le cli­mat (la COP26, en novem­bre) et la COP15 pour la bio­di­ver­sité (en avril), ce som­met et ses con­clu­sions met­tent les Etats au pied du mur.