Le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s’est achevé vendredi par de nombreuses déclarations résolues, mais la bonne volonté des Etats laisse toujours à désirer.
« L’humanité a atteint un point de bascule. Notre fenêtre de tir pour répondre à ces urgences interdépendantes [biodiversité et climat, NLDR] et partager équitablement les ressources de la planète se réduit très vite. Nos systèmes existants ne fonctionnent pas. » Ces mots, contenus dans le « manifeste de Marseille » qui conclut dix jours de conférences, débats et tractations, signent l’urgence du moment.
Dans ce texte de clôture, l’UICN exhorte les gouvernements à s’attaquer au réchauffement climatique, ainsi qu’« aux facteurs qui diminuent la vie » – polluants agricoles ou industriels, plastiques qui inondent les océans, surpêche, etc.. Mais aussi à adopter des plans de relance « fondés sur la nature », à « entreprendre la réforme des systèmes financiers, économiques et réglementaires », à « mettre un terme aux subventions néfastes pour la nature » et à cesser les investissements dans les énergies fossiles.

En fin de semaine dernière, plus de 1 300 membres de l’UICN – représentant·e·s d’Etats, d’ONG et de peuples autochtones – ont adopté des dizaines de motions sur une foule de sujets. Non-contraignantes, elles permettent de fixer un cap pour les années à venir. Parmi celles-ci (la liste ici) : l’objectif de 30% d’aires marines protégées d’ici 2030 ; de protéger 80% de la forêt amazonienne en 2025 ; la lutte contre la pollution plastique ; un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins.
Or, la France, qui hébergeait ce sommet, a refusé de soutenir cette dernière motion. Peut-être parce qu’en mai dernier, une circulaire ministérielle sur la stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins fixait comme priorité de « valoriser les ressources des grands fonds marins en lien avec le potentiel industriel français ». En outre, l’exécutif a promis à Marseille que 5% de la Méditerranée serait placée en protection « forte » d’ici 2027 ; un net recul, alors qu’en janvier 2021, le gouvernement prévoyait de protéger fortement 10% des aires marines nationales dès l’année prochaine. De quoi douter de l’ambition trompétée par tous.
A l’entame d’une année cruciale, où se succéderont la 26ème conférence des parties de l’ONU pour le climat (la COP26, en novembre) et la COP15 pour la biodiversité (en avril), ce sommet et ses conclusions mettent les Etats au pied du mur.