Il pousse le bouchon un peu loin. Pour un « monde sans déchets », le géant Coca-cola promet une bouteille en papier encore moins recyclable que la version en plastique.
Souvent prompt à s’émerveiller devant les fausses innovations écologiques de l’industrie, le Parisien nous vante la future « révolution » de Coca-cola : une bouteille en papier, à l’état de prototype, qui doit permettre de réduire les déchets colossaux générés par la multinationale du soda.
Hélas, comme l’indique le communiqué de Coca-cola lui même, cette bouteille « consiste en une coque en papier avec une couche intérieure en plastique et un bouchon en plastique recyclable ». Du papier mélangé avec du plastique : c’est exactement le type d’emballage que les centres de tri n’arrivent pas à retraiter puisqu’il est impossible de séparer mécaniquement les différentes parties. Cette nouvelle bouteille serait donc encore moins recyclable que sa prédécesseure.
Peu importe : cette innovation« pourrait nous aider à réaliser nos objectifs d’un « “Monde sans déchets” », trompette Coca. Autrement dit, si c’est du papier, ce n’est plus un déchet. Il s’agit d’une autre entourloupe, sémantique cette fois. En France, en 2016, seuls 65% des emballages en papier étaient recyclés (Citeo). Un chiffre qui tombe à 56% pour les flacons et bouteilles en plastique que continue à vendre Coca par milliards.
En réalité, cette bouteille sert de nouveau prétexte pour ne pas réduire les déchets à la source. Au lieu, par exemple, de faire la promotion de la consigne sur les bouteilles en verre, que la firme supprime progressivement des derniers pays qui la pratiquaient encore, notamment en Afrique. Comme le racontait le passionnant numéro de Cash investigation consacré au plastique (2018), Coca-cola est aussi et surtout un vendeur d’emballages, dont le prix est inclus dans celui de ses bouteilles.