Cessons d’utiliser des poissons vivants comme appâts

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Pois­sons damnés. Un col­lec­tif hétéro­clite de chercheur·euse·s et de militant·e·s appelle à inter­dire la pêche au vif, pra­tique cru­elle pour les pois­sons et nocive pour l’ensem­ble du vivant.

La sen­si­bil­ité des pois­sons à la douleur est désor­mais bien doc­u­men­tée, comme en atteste un arti­cle de syn­thèse paru dans l’ouvrage col­lec­tif The wel­fare of Fish (2020). Son autrice, la biol­o­giste Lynne Sned­don, con­state que « leur com­porte­ment est affec­té néga­tive­ment [par la douleur] » et que ceux-ci « ten­tent d’éviter les zones où ils ont ressen­ti de la douleur et sont acca­parés par la douleur au point de ne plus man­i­fester nor­male­ment leur peur ni les réac­tions nor­males face aux pré­da­teurs ». Avec d’autres, dont des étho­logues (spé­cial­istes du com­porte­ment ani­mal), zoo­logues, juristes et militant·e·s ani­mal­istes, elle signe une tri­bune dans le Monde récla­mant la fin de la pêche à vif.

Cette pra­tique, qui con­siste à embrocher un pois­son vivant sur un hameçon pour attir­er les mem­bres de plus gross­es espèces, est tou­jours légale en France, mal­gré une lég­is­la­tion de plus en plus favor­able au bien-être ani­mal. « Le code pénal […] inter­dit d’exercer des sévices graves, des mau­vais traite­ments ou des actes de cru­auté envers les ani­maux » notent les sig­nataires. « En présence d’une mul­ti­tude de leur­res pou­vant rem­plac­er l’utilisation de pois­sons vivants comme appâts, la pra­tique de la pêche au vif n’est de fait plus con­forme avec le droit. »

Cette pra­tique cru­elle a égale­ment des impacts écologiques prob­lé­ma­tiques. Elle par­ticipe à intro­duire et à propager des espèces exo­tiques envahissantes dans cer­tains milieux. Par ailleurs, les virus présents au sein des éle­vages de ces pois­sons risquent de se retrou­ver dans la nature. En 2012, une étude avait révélé que 44% des lots ven­dus dans le com­merce étaient por­teurs d’un ou plusieurs virus.