La quotidienne

Poisons énergétiques

Un numéro où l'on verra que le pétrole et les pesticides coulent dans les artères de nos sociétés, et provoquent notre déveine.


Le hacking d'un pipeline révèle les fragilités du système énergétique américain

Hacke c'est bête. Le Colonial pipeline, qui transporte près de la moitié du carburant utilisé sur la côte Est des Etats-Unis, est à l'arrêt depuis une cyberattaque survenue en fin de semaine dernière.

Vendredi 7 mai, des hackers se sont introduit·e·s dans le réseau informatique du Colonial pipeline. Les membres du gang DarkSide - selon le FBI - ont réclamé une rançon en échange de vastes quantités de données volées. L'entreprise a indiqué avoir été contrainte de fermer le pipeline en guise de précaution, craignant que les hackers n'aient mis la main sur des informations susceptibles de faciliter des attaques sur des parties vulnérables de l'infrastructure, rapporte le New York Times.

Long de 8 850 kilomètres, le Colonial pipeline transporte 2,5 millions de barils d'essence, de diesel et de kérosène raffinés de Houston (Texas) à l'Etat du New Jersey, à deux pas de New York. En cas de fermeture prolongée, certains stations essence pourraient manquer de pétrole. Mais une pénurie est, pour l'heure, très peu probable. Par ailleurs, les cours du pétrole sont restés quasiment inchangés.

Le tracé du Colonial pipeline, qui part du Texas pour desservir toute la côte Est des Etats-Unis. © DR

Mais cet incident révèle les failles du réseau énergétique américain et la fragilité de cette artère. En 20 ans, six raffineries majeures ont fermé dans le New Jersey, la Pennsylvanie et la Virgine, divisant par deux les capacités de raffinage dans ces Etats. Rendant vital l'approvisionnement de la côte Est depuis les nombreuses raffineries situées au tour du Golfe du Mexique, qui transforment le pétrole produit au Texas.

A l'instar de nombreuses infrastructures du pays, les pipelines sont vieillissants. Y compris leurs réseaux informatiques, ce qui les rend vulnérables à des attaques de ce genre, prédites de longue date par les experts de la cybersécurité. L'entreprise espère redémarrer d'ici la fin de semaine. Elle n'a pas indiqué si elle avait accepté de payer la somme exigée par les ravisseurs.

• Mardi, dans le cadre du projet de loi visant à inscrire l'environnement dans la constitution, les sénateur·rice·s ont retenu une formulation différente de celle du gouvernement. La majorité LR a voté pour que la France « préserve l’environnement ainsi que la diversité biologique et agit contre le dérèglement climatique, dans les conditions prévues par la charte de l’environnement de 2004 ». Elle a rejeté la formulation plus forte validée par l'Assemblée nationale, qui prévoyait que l'Etat « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique ». Puisque les deux chambres du Parlement doivent voter le texte dans les mêmes termes, la perspective du référendum promis par Emmanuel Macron s'éloigne. Lire notre article à ce sujet.

Un loup a été aperçu à seulement 50 kilomètres de Lyon, a indiqué, lundi, la préfecture du Rhône. C'était dans la nuit du 9 au 10 avril, dans la commune de Chambost-Allières, située dans le Beaujolais. Il s'agit d'une « première depuis plus d’un siècle », a ajouté la préfecture. - 20 Minutes

La FNSEA attaque l'arrêté anti-pesticide de Gennevilliers pour "faire un exemple"

Aigries cultures. Premier syndicat d'agriculture « conventionnelle », la FNSEA attaque en justice l'arrêté anti-pesticides pris par Gennevilliers (Hauts-de-Seine), une ville sans aucun agriculteur.

Depuis le printemps 2019, des dizaines de maires de petites communes ont pris des arrêtés pour faire interdire l'usage des pesticides à proximité des habitations de leurs administré·e·s. Fin décembre 2020, le Conseil d'Etat a jugé que cette compétence revenait à l'Etat, cassant les arrêtés municipaux pris par les « maires anti-pesticides ».

Quelques jours plus tard, le maire de La Montagne (Loire-Atlantique) avait trouvé la parade : considérer l'épandage de pesticides hors des exploitations agricoles comme des dépôts sauvages de déchets (Vert). La police des déchets est une compétence attribuée aux maires. Début mars, dix municipalités d'Île-de-France ont publié de nouveaux arrêtés fondés sur ce principe. Parmi ceux-ci, la commune de Gennevilliers.

Les jardins partagés de l'agrocité de Gennevilliers © Ville de Gennevilliers

C'en était trop pour la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Depuis des années, elle refuse toute réglementation des pesticides et s'en prend aux critiques, qu'elle accuse de pratiquer l'agri-bashing : un prétendu dénigrement systématique des agriculteurs.

Le 26 avril, la FNSEA a saisi le tribunal administratif de Cergy-Pontoise pour faire annuler l'arrêté pris par Gennevilliers (communiqué). C'est cocasse : la ville, qui avait pris cette mesure symbolique, ne compte aucun agriculteur sur son sol.

« On a pris Gennevilliers pour faire un exemple, mais on aurait pu prendre une autre commune », reconnaît Damien Greffin, président de la FNSEA Ile-de-France interrogé par le Parisien sur ce surprenant choix. « La FNSEA nous reprochait nos arrêtés parce qu’on n’a aucun agriculteur sur la ville et là, ils nous attaquent ? C’est bien la preuve qu’ils défendent le glyphosate et non les agriculteurs », s'est emporté Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers. Le 29 avril, la préfecture des Hauts-de-seine (donc l'Etat) a suivi la FNSEA, attaquant l'arrêté à son tour.

Un million d’emplois verts contre le chômage et la crise climatique

Eco-logique ? L’institut Rousseau et Hémisphère gauche proposent « un emploi vert pour tous » : un plan pour sortir du chômage de masse et assurer la transition écologique en créant un million d’emplois.

Six millions de Français sont actuellement sans emploi en France ou exercent une activité réduite, selon Pôle Emploi. En raison de la réforme de l’assurance chômage, plus d’un million d’entre elles et eux devraient percevoir des allocations à la baisse à partir du 1er juillet (Bastamag). La dette de l’Unedic, en charge de la gestion de l’assurance-chômage, devrait passer de 36 à 64 milliards d’euros du fait de la crise du covid (20 minutes). En moyenne, un·e chômeur·se de longue durée coûte 1 250€ par mois à l’Etat (ATD - Quart monde). 

Plutôt que de laisser perdurer le chômage de masse et ses conséquences délétères sur les individus, deux think tanks - l’institut Rousseau et Hémisphère gauche - proposent que l’Etat embauche un million de personnes sans emploi pour accélérer la transition écologie. Une initiative baptisée « Un emploi vert pour tous ». 

Pour ce faire, les organisations suggèrent de généraliser l’expérience Territoires zéro chômeurs pour offrir des emplois subventionnés par l’Etat à hauteur de 20 000 euros par an. 1 000 personnes en ont déjà bénéficié depuis 2016 (Ouest-France). Agriculture, économie circulaire, construction écologique, rénovation thermique : leur proposition cible « les emplois nécessaires à la reconstruction écologique et au renforcement du lien social ». Une large part de ce plan ambitieux serait financé par des transferts depuis l’assurance-chômage, un bénéfice sur les recettes de TVA générées, ou le rétablissement de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Soutenue par de nombreuses organisations, comme Alternatiba ou les Amis de la Terre, cette initiative se revendique du Civilian conservation corps : créé par le président américain Théodore Roosevelt, celui-ci employa trois millions d’Américain·e·s au sortir de la crise économique de 1929 et permit de construire des centaines de parcs nationaux, des dizaines de milliers de ponts, et de planter 3,5 milliards d’arbres.

Les oiseaux de paradis de Nouvelle-Guinée

Un avant-goût du paradis. Dans les forêts primaires de Nouvelle-Guinée, il existe des volatiles que l'on ne trouve nulle part ailleurs : ce sont les oiseaux de paradis. Coupés du reste du monde, ils ont évolué à part du reste du vivant. Couleurs, parures, parades nuptiales... On les croirait sortis de l'imagination de quelque créateur fou.

Depuis des années, le laboratoire d'ornithologie de l'université de Cornell s'applique à observer, comprendre et faire connaître ces quelques dizaines d'espèces d'oiseaux fabuleux au travers de son « Birds of paradise project ». Parmi leurs nombreuses vidéos qui présentent chaque espèce, voici un rapide panorama.

© Cornell Lab of ornithology

+ Tristan Saramon a contribué à ce numéro