Chronique

«Bûcheron» : un roman autobiographique à vif au cœur de la forêt

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Forêt vert. Dans «Bûcheron» (Seuil), Mathias Bonneau raconte douze hivers aux bois, dans le Tarn où il a grandi. Un récit d’une grande authenticité, en prise avec les éléments.

Des épicéas, des douglas, quelques châtaigniers et, ça et là, des houx. Dans un coin du Massif Central balayé par les pluies, d’anciens vergers et d’immenses prairies sont devenus forêt. C’est là que Mathias Bonneau a grandi. Fils de paysans, il a vu son père aller au bois chaque hiver, la tronçonneuse arrimée au corps, et user de ses muscles pour faire tomber des arbres.

Adolescent, il l’accompagne et apprend les gestes : lancer la machine, faire une entaille dans l’écorce, viser, pousser, guider, ébrancher, faire rouler le tronc avec le tourne-billes. Des gestes précis, techniques. Mathias est habité par la forêt.

«Bûcheron», de Mathias Bonneau. © Seuil

Mais la réussite, ça n’est pas de retourner au bois. Bûcheron, «c’est le métier de celui qui n’a pas de terre, qui n’a rien d’autre que sa force à vendre», dit-on. Mathias fait des études d’architecture, il voyage un peu. Mais rien ne vaut ces journées immergées dans la forêt à sortir des grumes. C’est décidé : il sera bûcheron.

Une plume vibrante et poétique

Hiver après hiver, quand la sève des arbres s’est rabattue dans leurs racines, il retourne au bois. Chaque jour, quinze, vingt, trente arbres, sont abattus. Un travail de titan pour un salaire de misère. Mais Mathias aime ça : le contact brut avec les éléments, cette certitude vitale d’appartenir au lieu. Saison après saison, seul ou accompagné d’un copain, d’un agriculteur du coin, ou de bûcherons professionnels, il éclaircit la forêt dense d’épicéas, plantée par son grand-père quelques décennies auparavant. Et expérimente de nouvelles manières de faire du bois, loin des coupes rases qui annihilent toute vie.

Dans ce premier roman, Mathias Bonneau manie une poésie brute des trouées – cette ouverture qui laisse percer la lumière à travers les cimes. Sa plume vibrante nous immerge dans les sous-bois gorgés d’eau, près des sources où les tracteurs s’enlisent. Un chemin solitaire, qui met le corps à rude épreuve, et où un homme se sent terriblement vivant.

«Bûcheron», de Mathias Bonneau, Seuil, mars 2025, 272 pages, 21euros.

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