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Après quinze ans de discussions, l’ONU protège enfin la haute mer

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Bonne mer ! Les Etats mem­bres des Nations unies vien­nent de con­clure un accord his­torique pour pro­téger les eaux inter­na­tionales, jusque-là grandes oubliées du com­bat envi­ron­nemen­tal.

Pol­lu­tion plas­tique, acid­i­fi­ca­tion, sur­pêche, marées noires, extrac­tion minière… les écosys­tèmes marins sont en grand dan­ger. Same­di, après 15 ans d’âpres négo­ci­a­tions, les délé­ga­tions du monde entier rassem­blées à New York se sont enfin mis­es d’accord pour pro­téger la haute mer. Celle-ci com­mence là où s’arrêtent les zones économiques exclu­sives (ZEE) — soit à max­i­mum 370 km des côtes — et n’est donc sous la juri­dic­tion d’aucun Etat.

Bien qu’elle représente 60% de l’océan et cou­vre près de la moitié de la planète, la haute mer a longtemps été oubliée du com­bat écologique, au prof­it notam­ment des zones côtières. En décem­bre 2022, lors de la quinz­ième con­férence mon­di­ale (COP15) sur la bio­di­ver­sité, quelques 190 pays avaient validé l’objectif de pro­téger 30% des mers d’ici 2030. Trois mois plus tard, ce pre­mier traité mon­di­al passe la vitesse supérieure en créant des aires marines pro­tégées dans ces eaux inter­na­tionales.

Ce traité onusien vise égale­ment à con­train­dre les Etats à éval­uer les impacts envi­ron­nemen­taux de toute nou­velle activ­ité prévue en haute mer. Une avancée stratégique dans la lutte con­tre le dérè­gle­ment cli­ma­tique et pour la pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité. D’après le Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec), l’océan absorbe plus de 25 % du CO2 émis par les humains chaque année dans l’atmosphère et four­nit 50 % de l’oxygène pro­duit sur Terre. En out­re, il nour­rit près de trois mil­liards d’individus. Le traité abor­de par ailleurs un épineux prob­lème : celui du partage équitable entre les Etats des béné­fices tirés ressources géné­tiques col­lec­tées en haute mer ; les pays du Sud n’ayant pas les moyens de financer de coû­teuses expédi­tions.

Le con­tenu du texte n’a encore été dévoilé. Mais il a d’ores et déjà été applau­di par les organ­i­sa­tions écol­o­gistes, comme par le secré­taire général des Nations unies. Défenseur acharné de l’environnement, Anto­nio Guter­res a salué «une vic­toire pour le mul­ti­latéral­isme et pour les efforts mon­di­aux visant à con­tr­er les ten­dances destruc­tri­ces qui men­a­cent la san­té des océans, aujourd’hui et pour les généra­tions à venir». Bien que final­isé dans sa forme, ce traité inter­na­tion­al doit main­tenant être soumis aux dif­férents ser­vices juridiques et traduit dans les six langues offi­cielles de l’ONU avant d’être défini­tive­ment adop­té.