Point de vue

Après avoir évité le pire, faisons advenir le meilleur

Dimanche soir, les Français·es ont rejeté Marine Le Pen et son projet dangereux pour le climat et le vivant. Désormais, il va falloir faire beaucoup mieux afin de réparer les fractures de la société et changer en profondeur nos modes de vies pour lutter contre la crise climatique.
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Ne nous privons pas de pousser un grand « ouf » de soulagement.

Dimanche, en choisissant de garder Marine Le Pen à l’écart de l’Elysée, les Français·es ont rejeté la candidature du pire. Comme nous l’avons écrit, le projet présidentiel de la candidate d’extrême droite, qui mêle xénophobie, exclusion, lutte contre les renouvelables et subventions aux énergies fossiles, constituait un véritable et imminent danger pour le climat et le(s) vivant(s).

Difficile de se réjouir pour autant. Avec 38,5% des voix des inscrit·es, Emmanuel Macron est le président le plus mal élu depuis Georges Pompidou en 1969 – c’était au lendemain de mai 68. L’extrême droite, elle, progresse inexorablement pour atteindre de nouveaux sommets.

La société française paraît plus fracturée que jamais et, outre les crises imprévisibles qui ont frappé le pays, l’action d’Emmanuel Macron n’est pas étrangère à ce phénomène. Pendant cinq ans, le président a usé d’un exercice du pouvoir particulièrement vertical.

Allumé par l’instauration de la taxe carbone sur l’essence – vécue comme une violence par des millions de personnes dépendantes de leur voiture faute d’alternatives, le mouvement des Gilets jaunes a été durement réprimé par le pouvoir, resté sourd aux mille revendications en faveur de la justice sociale, du pouvoir d’achat, des services publics ou de la démocratie. Mise sur pied en réponse à cette crise, la Convention citoyenne pour le climat avait rédigé 149 propositions pour atteindre les objectifs climatiques de la France « dans un esprit de justice sociale ». Un riche corpus largement défiguré lors de sa traduction dans la loi « climat et résilience ».

Au cours des cinq dernières années, les plus précaires ont été la cible de mesures brutales comme la double baisse des APL ou la réforme de l’assurance chômage. Les jeunes (et tous les autres) qui ont battu le pavé pour demander des politiques climatiques plus ambitieuses ont été ignoré·es, quand elles et ils n’ont pas simplement été brutalisé·es par les forces de l’ordre. Autant de citoyen·nes qui se sont pourtant résolu·es à mettre le bulletin de leur adversaire politique dans l’urne pour contrer le péril Le Pen.

Emmanuel Macron le sait, il doit sa réélection aux millions de Français·es qui ont une fois de plus « fait barrage », souvent dans la douleur. Mais les castors fatiguent en même temps que la démocratie alors qu’aucune des causes profondes qui fracturent le pays n’a été traitée.

« Les Français ont donné un mandat fort au président de la République », qui « a la légitimité pour poursuivre la transformation du pays », a immédiatement trompeté le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, sans aucun égard pour la réalité du scrutin. En signe d’apaisement, dans la soirée de dimanche, le président réélu s’est dit « dépositaire de leur sens du devoir […] Ce vote m’oblige pour les années à venir ».

Dans l’entre-deux-tours, Emmanuel Macron a multiplié les clins d’œil aux électeur·rices de Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot. © Ludovic MARIN / AFP

Emmanuel Macron devra faire davantage que des promesses comme celle, martelée dans l’entre-deux-tours, d’aller « deux fois plus vite » sur la réduction des émissions de CO2. Lui qui se vante déjà d’avoir doublé le rythme lors de son quinquennat en tordant largement la réalité des chiffres (Le Figaro). Lui sous la présidence duquel la France a été condamnée par deux fois pour son inaction contre la crise climatique.

Sa politique « sera écologique ou ne sera pas », a juré Emmanuel Macron. À Vert, nous prenons le président au mot.

Dans les prochaines semaines, nous suivrons la recomposition politique et analyserons la place que prendront l’écologie et les écologistes dans la nouvelle représentation nationale. Nous vous éclairerons sur l’action des lobbyistes à l’Assemblée et vous raconterons les profils des nouveaux·elles député·es.

Dans les cinq ans à venir : nous suivrons à la lettre l’action (ou l’inaction) du gouvernement, comme nous l’avons fait avec ténacité depuis la naissance de Vert– en témoignent les centaines d’articles écrits sur le sujet. Nous vous raconterons aussi la mobilisation de la société civile, les luttes locales contre des grands projets inutiles et nous mettrons en lumière les alternatives de plus en plus riches et nombreuses à travers la France, comme ailleurs.

Jusqu’à la fin du siècle et au-delà : nous continuerons à raconter simplement toute l’actualité du vivant et du climat pour permettre au plus grand nombre d’en comprendre les enjeux et de se mettre en action. Nous étudierons les moyens de transformer nos sociétés à la hauteur de ce que réclame la crise, contribuerons à faire émerger des récits positifs – et non « punitifs » – de l’écologie et lutterons sans relâche contre les fausses promesses, le greenwashing et les mauvaises solutions. Nous ferons notre part pour nous épargner à toutes et tous certaines des effets les plus grave du réchauffement et contribuer à l’adaptation de nos société et des écosystèmes à ces bouleversement. Alors, êtes vous prêt·es à prendre le parti de Vert ?