Mésange gardien. Dimanche, les trois activistes perché·es dans les arbres à Saïx (Tarn) pour empêcher leur abattage dans le cadre du chantier de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ont enfin pu retrouver la terre ferme.
«On s’est battus très fort depuis 39 jours, et pouvoir donner un peu de répit aux arbres tout en mettant en lumière l’illégalité des travaux qui ont eu lieu, c’est une immense victoire d’étape qui va en appeler d’autres», savoure Reva Seifert. Cet «écureuil» — du nom que se donnent les militant·es qui grimpent aux arbres — a passé plus de cinq semaines dans le bois de la Crémade, à Saïx (Tarn).
Perché·es entre 25 et 35 mètres de hauteur, les activistes (une quinzaine au début, puis trois à la fin) ont subi des privations de nourriture et dénoncé un harcèlement constant des forces de l’ordre (Reva nous en parlait déjà ici). «On a passé plusieurs journées à ne manger que des bourgeons de platane, qu’on cuisinait avec un peu de sucre ou de sel», raconte-t-il à Vert.
Le parquet de Toulouse avait ouvert une enquête à la suite d’une plainte, déposée le 20 mars pour contester la légalité des abattages dans la zone et faire reconnaître la présence de mésanges bleues en cours de nidification — ce qui empêcherait toute coupe. Dépêché sur place, l’Office français de la biodiversité a attesté la présence de cette espèce protégée dans un procès-verbal révélé vendredi. Une découverte qui entérine l’impossibilité d’abattre ces arbres jusqu’au 1er septembre, ce qu’a confirmé le préfet du Tarn, Michel Vilbois, présent lors de la descente des écureuils dimanche.
Une victoire en demi-teinte
«C’est une belle avancée, car on a réussi à mettre en lumière cette situation et faire constater qu’on avait raison et les écureuils ont empêché qu’on abatte ces deux arbres», salue Maître Claire Dujardin, avocate des écureuils, auprès de Vert. «Mais c’est aussi une victoire amère, parce que cela fait un mois qu’on bataille juridiquement pour dire que l’abattage était illégal et tout un bois a été coupé malgré plusieurs plaintes».
Même son de cloche du côté de Thomas Brail, le fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) qui avait fait une grève de la faim et de la soif à l’automne dernier (notre article) : «Je suis épuisé de voir l’énergie qu’on dépense pour un projet qui n’a aucun sens», a‑t-il raconté au micro de France 3.
Cette nouvelle signe un répit pour les écureuils, mais la lutte continue sur le plan judiciaire. Une quinzaine de personnes sont poursuivies suite à leur présence dans les arbres de la Crémade. «On compte engager la responsabilité pénale et administrative de l’État face à l’absurdité de cette situation, puisque les arbres ne devaient pas être abattus et que les écureuils ne faisaient que de la désobéissance civile», indique Maître Dujardin. En parallèle, une commission d’enquête sur le montage financier de l’autoroute A69 est en train de mener ses travaux à l’Assemblée nationale.