Dans l'actu

A69 : les coupes d’arbres jugées illégales à Saïx, «une immense victoire d’étape» pour les opposants au projet

  • Par

Mésange gar­di­en. Dimanche, les trois activistes perché·es dans les arbres à Saïx (Tarn) pour empêch­er leur abattage dans le cadre du chantier de l’autoroute A69 entre Toulouse et Cas­tres ont enfin pu retrou­ver la terre ferme.

«On s’est bat­tus très fort depuis 39 jours, et pou­voir don­ner un peu de répit aux arbres tout en met­tant en lumière l’illégalité des travaux qui ont eu lieu, c’est une immense vic­toire d’étape qui va en appel­er d’autres», savoure Reva Seifert. Cet «écureuil» — du nom que se don­nent les militant·es qui grimpent aux arbres — a passé plus de cinq semaines dans le bois de la Cré­made, à Saïx (Tarn).

Perché·es entre 25 et 35 mètres de hau­teur, les activistes (une quin­zaine au début, puis trois à la fin) ont subi des pri­va­tions de nour­ri­t­ure et dénon­cé un har­cèle­ment con­stant des forces de l’ordre (Reva nous en par­lait déjà ici). «On a passé plusieurs journées à ne manger que des bour­geons de pla­tane, qu’on cuisi­nait avec un peu de sucre ou de sel», racon­te-t-il à Vert.

Reva au moment de sa descente du pla­tane dans lequel il vivait depuis 39 jours à Saïx (Tarn), dimanche 24 mars © Antoine Berlioz / Hans Lucas via AFP

Le par­quet de Toulouse avait ouvert une enquête à la suite d’une plainte, déposée le 20 mars pour con­tester la légal­ité des abattages dans la zone et faire recon­naître la présence de mésanges bleues en cours de nid­i­fi­ca­tion — ce qui empêcherait toute coupe. Dépêché sur place, l’Office français de la bio­di­ver­sité a attesté la présence de cette espèce pro­tégée dans un procès-ver­bal révélé ven­dre­di. Une décou­verte qui entérine l’impossibilité d’abattre ces arbres jusqu’au 1er sep­tem­bre, ce qu’a con­fir­mé le préfet du Tarn, Michel Vil­bois, présent lors de la descente des écureuils dimanche.

Une victoire en demi-teinte

«C’est une belle avancée, car on a réus­si à met­tre en lumière cette sit­u­a­tion et faire con­stater qu’on avait rai­son et les écureuils ont empêché qu’on abat­te ces deux arbres», salue Maître Claire Dujardin, avo­cate des écureuils, auprès de Vert. «Mais c’est aus­si une vic­toire amère, parce que cela fait un mois qu’on bataille juridique­ment pour dire que l’abattage était illé­gal et tout un bois a été coupé mal­gré plusieurs plaintes».

Même son de cloche du côté de Thomas Brail, le fon­da­teur du Groupe nation­al de sur­veil­lance des arbres (GNSA) qui avait fait une grève de la faim et de la soif à l’automne dernier (notre arti­cle) : «Je suis épuisé de voir l’énergie qu’on dépense pour un pro­jet qui n’a aucun sens», a‑t-il racon­té au micro de France 3.

Cette nou­velle signe un répit pour les écureuils, mais la lutte con­tin­ue sur le plan judi­ci­aire. Une quin­zaine de per­son­nes sont pour­suiv­ies suite à leur présence dans les arbres de la Cré­made. «On compte engager la respon­s­abil­ité pénale et admin­is­tra­tive de l’État face à l’absurdité de cette sit­u­a­tion, puisque les arbres ne devaient pas être abat­tus et que les écureuils ne fai­saient que de la désobéis­sance civile», indique Maître Dujardin. En par­al­lèle, une com­mis­sion d’enquête sur le mon­tage financier de l’autoroute A69 est en train de men­er ses travaux à l’Assemblée nationale.