A lire : le manifeste pour réinventer la ville sans l’étaler

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On s’en friche (pas du tout). Dans Man­i­feste pour un urban­isme cir­cu­laire, l’ur­ban­iste Syl­vain Grisot sonde l’im­passe dans laque­lle la fab­rique des villes s’est emmurée et pro­pose un nou­veau mod­èle pour con­tin­uer à bâtir la cité sans l’é­taler.

30m² à chaque sec­onde : c’est le rythme démen­tiel auquel sont arti­fi­cial­isées les ter­res agri­coles en Europe. Les villes s’étirent. Même celles qui per­dent habitant·e·s et emplois. Car, depuis cent ans, la cité s’est organ­isée autour de la voiture qui lui a per­mis de repouss­er sans fin ses lim­ites et d’in­gur­giter les ter­res disponibles à sa cein­ture. « Le prin­ci­pal défaut de la ville étalée, avance l’au­teur, n’est pas l’esthé­tique dou­teuse et inter­change­able des entrées de villes mais le car­ac­tère dis­con­tinu du tis­su urbain qui lui fait per­dre cette prox­im­ité qui per­met le frot­te­ment et la ren­con­tre : ce qui fait la ville ».

Bâti­ments vacants, frich­es indus­trielles, con­som­ma­tion boulim­ique de sols, frag­men­ta­tion sociale : les mésusages de la ville éti­olée sont pléthoriques. Pour met­tre un terme à l’ar­ti­fi­cial­i­sa­tion intem­pes­tive tout en con­tin­u­ant à con­stru­ire la ville, Syl­vain Grisot applique à l’ur­ban­isme les principes de l’é­conomie cir­cu­laire : inten­si­fi­er les usages, trans­former l’ex­is­tant et recy­cler l’e­space.

Une can­tine qui se mue en espace de cowork­ing après manger ? Un immeu­ble et des ser­vices qui poussent entre deux maisons ? Des rues libérées des encom­brantes places de sta­tion­nement auto­mo­bile ? Ce man­i­feste limpi­de et joyeux per­me­t­tra aux urban­istes, aux élu·e·s locaux·ales et aux sim­ples citoyen·ne·s de penser des solu­tions alter­na­tives à l’é­tale­ment urbain et de remet­tre l’hu­main et la nature au cœur de nos villes.

Man­i­feste pour une économie cir­cu­laire, Syl­vain Grisot, Edi­tions Apogée, jan­vi­er 2021, 224p, 15€