À lire : La malédiction du pétrole

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Sort noir. Racon­ter la folle his­toire de l’or noir en une cen­taine de pages dess­inées : c’est le défi auquel se sont attelés Jean-Pierre Pécau et Fred Blan­chard, auteurs de La malé­dic­tion du pét­role.

Un seul litre équiv­aut à une journée de tra­vail de cent hommes. Il décu­ple le pro­grès et libère les humains de tâch­es érein­tantes : oui, le pét­role est un mir­a­cle. Surtout pour un cer­tain Rock­e­feller qui, dans les années 1870, se lance dans le raf­fi­nage et l’op­ti­mi­sa­tion de la pro­duc­tion jusqu’à racheter tous ses con­cur­rents. En 1911, sa Stan­dard Oil Com­pa­ny détient 93% de la pro­duc­tion mon­di­ale.

Pas­sion­nant et glaçant à la fois, cet ouvrage des­sine la nais­sance et le tri­om­phe des sept plus grandes com­pag­nies pétrolières qui vont présider au des­tin du vingtième siè­cle. Héri­tières de l’empire Rock­e­feller, les sept sœurs ont régné sur une crois­sance infinie et à n’im­porte quel prix. 

Si l’esthé­tique en noir et blanc et les dessins figés peu­vent rebuter, ils nous plon­gent plus pro­fondé­ment encore dans les cru­els des­seins d’une poignée de mil­liar­daires qui n’ont à cœur que la préser­va­tion de leur manne. Le sang peut couler et les corps gésir, tant que les gise­ments abon­dent et que le pét­role ne peut tarir… Tout est per­mis : la désta­bil­i­sa­tion du Moyen-Ori­ent ou du Vénézuela, des crises économiques, des cat­a­stro­phes écologiques. Pour sauve­g­arder leurs intérêts, les com­pag­nies fos­siles frap­pent tou­jours plus fort.

Un réc­it illus­tré tout droit sor­ti des ténèbres mais qui fait la prouesse de ne jamais tomber dans le cynisme. La malé­dic­tion n’est déjà que trop vraie.

La malé­dic­tion du pét­role, Jean-Pierre Pécau, Fred Blan­chard, 2020, Del­court, 112 p., 17,50€.