De la balle. Le quotidien de la Réunion a annoncé lundi qu’il ne couvrirait pas le Mondial de football au Qatar et s’est engagé à « ne plus publier ni article ni annonce publicitaire sur la compétition », au nom de ses « valeurs ». En une de son édition de mardi : un stade vide, barré d’un gros titre « Sans nous ». Le journal est le premier média à faire officiellement l’impasse sur cet événement.

« Cette Coupe du monde (…) cristallise des atteintes intolérables à la dignité et aux libertés humaines, elle a piétiné les droits des travailleurs et des minorités et balayé le respect de l’environnement », détaille Flavien Rosso, le chef du service des sports. Le directeur du titre a expliqué à l’AFP que seule l’actualité sportive sera passée sous silence, les informations en lien avec les problématiques écologiques ou humaines pouvant évidemment toujours être couvertes. « Il était temps », a commenté Libération, qui rappelle que « l’image du Quotidien avait été écornée en 2019 et en 2020 par de multiples cas de censure de la part de la direction ». Libé, qui n’a pour l’heure pas pris la même décision, dénonçait lundi dans un billet « un scandale écologique, politique et humanitaire ». Fin août, c’est le comédien Vincent Lindon qui a remis l’idée de boycott sur le devant de la scène médiatique en annonçant qu’il refuserait de regarder les matchs.
Pour sa part, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, interrogée cette semaine sur RTL, ne croit pas que « boycotter la Coupe du monde change les émissions de gaz à effet de serre de cet événement ».
La compétition, qui doit commencer le 20 novembre, a été très largement critiquée depuis plusieurs années pour les conditions de travail des ouvriers qui ont construit les infrastructures. En février, le Guardian (en anglais) révélait que 6 500 travailleurs étrangers au moins étaient morts sur les chantiers entre 2010, moment où le Qatar a obtenu l’organisation du Mondial, et 2020. De nombreuses associations dénoncent également la gabegie écologique que représente ce grand raout qui se déroulera dans des stades climatisés, un accélérateur de la crise climatique (Vert).
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