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À la Réunion, un journal local va officiellement boycotter la Coupe du monde de foot au Qatar

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De la balle. Le quo­ti­di­en de la Réu­nion a annon­cé lun­di qu’il ne cou­vri­rait pas le Mon­di­al de foot­ball au Qatar et s’est engagé à « ne plus pub­li­er ni arti­cle ni annonce pub­lic­i­taire sur la com­péti­tion », au nom de ses « valeurs ». En une de son édi­tion de mar­di : un stade vide, bar­ré d’un gros titre « Sans nous ». Le jour­nal est le pre­mier média à faire offi­cielle­ment l’impasse sur cet événe­ment.

La Une du Quo­ti­di­en de la Réu­nion, mar­di 13 sep­tem­bre 2022.

« Cette Coupe du monde (…) cristallise des atteintes intolérables à la dig­nité et aux lib­ertés humaines, elle a piét­iné les droits des tra­vailleurs et des minorités et bal­ayé le respect de l’environnement », détaille Flavien Rosso, le chef du ser­vice des sports. Le directeur du titre a expliqué à l’AFP que seule l’actualité sportive sera passée sous silence, les infor­ma­tions en lien avec les prob­lé­ma­tiques écologiques ou humaines pou­vant évidem­ment tou­jours être cou­vertes. « Il était temps », a com­men­té Libéra­tion, qui rap­pelle que « l’image du Quo­ti­di­en avait été écornée en 2019 et en 2020 par de mul­ti­ples cas de cen­sure de la part de la direc­tion ». Libé, qui n’a pour l’heure pas pris la même déci­sion, dénonçait lun­di dans un bil­let « un scan­dale écologique, poli­tique et human­i­taire ». Fin août, c’est le comé­di­en Vin­cent Lin­don qui a remis l’idée de boy­cott sur le devant de la scène médi­a­tique en annonçant qu’il refuserait de regarder les matchs.

Pour sa part, la min­istre de la Tran­si­tion énergé­tique, Agnès Pan­nier-Runach­er, inter­rogée cette semaine sur RTL, ne croit pas que « boy­cotter la Coupe du monde change les émis­sions de gaz à effet de serre de cet événe­ment ».

La com­péti­tion, qui doit com­mencer le 20 novem­bre, a été très large­ment cri­tiquée depuis plusieurs années pour les con­di­tions de tra­vail des ouvri­ers qui ont con­stru­it les infra­struc­tures. En févri­er, le Guardian (en anglais) révélait que 6 500 tra­vailleurs étrangers au moins étaient morts sur les chantiers entre 2010, moment où le Qatar a obtenu l’organisation du Mon­di­al, et 2020. De nom­breuses asso­ci­a­tions dénon­cent égale­ment la gabe­gie écologique que représente ce grand raout qui se déroulera dans des stades cli­ma­tisés, un accéléra­teur de la crise cli­ma­tique (Vert).