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A Cannes, la pression monte pour dénoncer un festival qui ne prend toujours pas la mesure de l’urgence écologique

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Un peu Ford de café. Ce week­end, les actions de militant·es écol­o­gistes se sont mul­ti­pliées pour affich­er l’empreinte écologique effarante d’un fes­ti­val de Cannes qui con­tin­ue à ven­dre des pail­lettes, des yachts et des jets.

«Si on ne se bouge pas le cul main­tenant, on va per­dre cette planète !», a lancé l’air grave, l’acteur mythique d’Indiana Jones, Har­ri­son Ford, sur le plateau de France 2, dimanche 21 mai. Con­cé­dant qu’«il y a des com­pro­mis entre l’usage des éner­gies fos­siles et ce qu’on peut faire avec un avion», il a ten­té de jus­ti­fi­er sa pas­sion pour l’avion («j’adore vol­er») en arguant qu’il réal­i­sait son rêve de jeunesse. Des con­tra­dic­tions de haut vol à l’image de l’ensemble du fes­ti­val de Cannes, que sont venues dénon­cer, ce week­end, plusieurs asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales.

«Plus de 80% de l’empreinte car­bone de l’événement est imputable au voy­age des par­tic­i­pants jusqu’à Cannes et à leur héberge­ment», selon les organ­isa­teurs du fes­ti­val. Same­di, Extinc­tion Rebel­lion, Action non-vio­lente COP21 et Attac ont intro­duit des petites voitures télé­com­mandées équipées de fumigènes sur le tar­mac de l’aéroport de Cannes-Man­delieu. Les organ­i­sa­tions sont par­v­enues à empêch­er un jet privé de décoller. «Est-ce bien l’heure de brûler ces litres de kérosène pour fouler quelques sec­on­des un tapis rouge?», ont-elles inter­rogé sur Twit­ter. Pour un tra­jet Paris-Nice, un pas­sager en jet privé émet en moyenne 25 fois plus de CO2-equiv­a­lent qu’en avion de ligne et 1 000 fois plus qu’en train (notre arti­cle).

Le même jour, des militant·es d’Attac ont déroulé une ban­de­role au port can­nois de Pierre-Can­to : «Ne lais­sons pas les ultra-rich­es détru­ire la planète». L’organisation dénonce un «spec­ta­cle indé­cent avec ses stars arrivant en jet privé avant d’aller pren­dre l’apéro sur un yacht». Selon le col­lec­tif Yacht CO2 track­er, «pour une heure de croisière, un yacht con­somme ce que nous devri­ons con­som­mer en une année par per­son­ne pour être sur une planète hab­it­able». Ce same­di, il avait dénom­bré 41 de ces navires de luxe dans la baie de Cannes.

Out­re divers­es mesures cos­mé­tiques pour réduire ses impacts, comme le recy­clage de son célèbre tapis rouge (Vert), le fes­ti­val com­pense son dis­pendieux train de vie en faisant pay­er 20€ de con­tri­bu­tion envi­ron­nemen­tale à ses participant·es. Prob­lème : son pro­jet-phare de com­pen­sa­tion car­bone, des­tiné à pro­téger une forêt près du lac Kari­ba, au Zim­bab­we, serait large­ment suré­val­ué, a révélé le média d’investigation néer­landais Fol­low the Mon­ey, relayé par le site Dis­close. Son impact réel serait trois fois moin­dre que celui affiché. Selon Dis­close : «Les crédits achetés en grande pompe par la direc­tion du fes­ti­val ont eu un effet plus que dérisoire sur la crise cli­ma­tique». Il serait de bon ton que la réal­ité dépasse la fic­tion.