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600 espèces de plantes menacées en Nouvelle-Calédonie : «Si elles disparaissent ici, elles disparaissent de la planète»

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La menace affleure. Ce territoire français est l’une des régions à la biodiversité la plus riche de la planète. Mais, selon le premier état des lieux de l’histoire de l’archipel publié mardi, 40% de la flore étudiée est menacée.

Connaissez-vous Thiollierea lenormandii, cet arbuste aux fleurs en clochettes rouges ? Ou encore la très rare fougère Ptisana rolandiprincipis ? Ces espèces de plantes ne se trouvent qu’à un endroit dans le monde : la Nouvelle-Calédonie.

Elles sont dites «endémiques» : «Si elles disparaissent de Nouvelle-Calédonie, alors elles disparaissent de la planète», souffle Florian Kirchner, responsable «Espèces» au comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Des fleurs de Pittosporum tanianum, une plante rarissime classée en danger critique d’extinction. © Benoît Henri / CC-BY-SA

Le chercheur a de quoi s’inquiéter : au moins 643 plantes sont menacées de disparition sur l’archipel, soit 40% des espèces vasculaires [qui ont des vaisseaux conducteurs de sève, contrairement aux algues ou aux mousses, NDLR] étudiées dans l’état des lieux publié le 10 novembre par son organisation, avec l’Office français de la biodiversité (OFB), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et l’association néo-calédonienne Endemia.

Une variété exceptionnelle d’espèces

Ce chiffre est énorme comparé aux 8% de plantes menacées en France métropolitaine. Selon Florian Kirchner, la différence s’explique notamment par l’isolement géographique de l’archipel et par les multiples pressions qu’il subit. À titre de comparaison, 41% de la flore de La Réunion est menacée.

Le cas de la Nouvelle-Calédonie n’est pas anodin, car l’archipel fait partie des 34 hotspots de la biodiversité mondiale. Ces points chauds concentrent une variété exceptionnelle d’espèces endémiques.

À tel point que l’inventaire de leurs espèces est loin d’être terminé : seul un gros tiers de la flore vasculaire a été répertorié pour ce premier état des lieux de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Pour la première fois, des espèces de plantes et de lézards de l’archipel vont être intégrées à la liste rouge des espèces menacées en France.

Incendies, défrichement, espèces invasives…

Ce travail de longue haleine a permis d’identifier les menaces pour la biodiversité locale. Au premier rang figurent les feux de brousse – volontaires ou non – déclenchés pour l’entretien des cultures : «Dans tous les cas, ce sont des incendies d’origine humaine, que les sécheresses récurrentes ont tendance à aggraver», précise Florian Kirchner.

Codia xerophila est un arbuste de forêt sèche menacé par les incendies. ©Benoît Henri / CC-BY-SA

Parmi les autres menaces : le défrichement lié aux exploitations de minerai (notamment le nickel), l’urbanisation croissante, ou encore les pressions exercées par les espèces invasives, comme le cerf rusa (notre article).

La crise sociale et politique que traverse l’archipel depuis plusieurs mois est un autre risque, plus indirect, qui pèse sur la préservation de la biodiversité de Nouvelle-Calédonie. L’Agence néo-calédonienne de la biodiversité (ANCB) a vu ses financements divisés par deux cette année, et pourrait fermer d’ici juin 2025.


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