27 000 barils de DDT retrouvés au large de Los Angeles

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Une étude pas bidon. Au large de Los Ange­les, dans les fonds de l’océan Paci­fique, des sci­en­tifiques ont décou­vert 27 000 bar­ils qui con­ti­en­nent prob­a­ble­ment du DDT, un puis­sant insec­ti­cide ban­ni depuis près de 50 ans.

Entre le 10 et le 24 mars, des chercheur·euse·s de la Scripps insti­tu­tion for oceanog­ra­phy de l’u­ni­ver­sité de San Diego (Etats-Unis) ont passé au peigne fin une aire sous-marine de 145 kilo­mètres car­rés. Grâce, notam­ment, à des véhicules autonomes amphi­bies, les sci­en­tifiques ont sondé et car­tographié le sol de cette zone située à quelques miles des côtes du sud de la Cal­i­fornie. Elles et ils ont décou­vert plus de 100 000 débris divers, ain­si que 27 000 objets « pou­vant être clas­si­fiés avec cer­ti­tude » comme des bar­ils (com­mu­niqué).

Or, il se trou­ve que la zone est con­nue pour être pol­luée au DDT. Il s’ag­it d’un puis­sant insec­ti­cide, large­ment épan­du dans le monde de l’après-guerre. Il fau­dra le com­bat acharné de la biol­o­giste Rachel Car­son et son célèbre ouvrage « Print­emps silen­cieux » (1962), démon­trant les rav­ages du DDT sur l’ensem­ble du vivant, pour que les Etats-Unis l’in­ter­dis­ent en 1972.

Le cer­cle représente le site con­nu pour avoir été une décharge. La zone sondée par les sci­en­tifiques est représen­tées par les car­rés, dont la couleur indique la con­cen­tra­tion en objets retrou­vés par kilo­mètre car­ré © Scripps

Fin 2020, une enquête du LA Times avait révélé que jusqu’à 2 000 bar­ils de boues con­t­a­m­inées au DDT auraient été jetés par-dessus bord, chaque mois entre 1947 et 1961 par la seule Mon­trose Chem­i­cal Corp. Cette entre­prise fut la pre­mière pro­duc­trice améri­caine de DDT de 1947 à 1982. De nom­breuses com­pag­nies indus­trielles en ont fait de même avec leurs pro­pres rebuts jusqu’à l’in­ter­dic­tion de ces pra­tiques en 1972.

Pour les sci­en­tifiques, le con­tenu de ces bar­ils ne fait guère de doute, mais l’analyse des sédi­ments marins devra le con­firmer. Reste la dif­fi­cile tâche d’é­val­uer l’im­pact de cette pol­lu­tion sur le vivant. De précé­dents travaux avaient mis en lumière la con­t­a­m­i­na­tion aux PCB (des per­tur­ba­teurs endocriniens qui per­sis­tent longtemps dans l’en­vi­ron­nement) et au DDT de cer­tains mam­mifères marins — comme les dauphins et les lions de mer — vivant dans cette aire marine. Chez ces derniers, l’ex­po­si­tion à ces pol­lu­ants est soupçon­née de mul­ti­pli­er les cas de can­cers (Los Ange­les Times).