La quotidienne

Y manquent pas d’aires !

Chères toutes et chers tous,

📺 Contrairement à ce que nous avions annoncé, le tournage de l'émission avec l'ingénieur Philippe Bihouix ne pourra pas se faire en présence de public pour des raisons bien indépendantes de notre volonté. Vous êtes toutefois invité·e·s à regarder le tournage en direct depuis la page Facebook de l'événement. Ce sera ce soir à 19h30 !

🐾 Pour cette rentrée et à l'occasion du congrès mondial de l'Union pour la conservation de la nature (UICN) qui se tient actuellement à Marseille, nous avons prévu une programmation spéciale. En cette « semaine du vivant », vous pourrez lire chaque jour des articles consacrés à la biodiversité et aux liens entre le vivant et le climat, et une galerie de portraits d'espèces qui raconteront les bouleversements en cours.


Défendre son pré carré de biodiversité ne devrait pas se transformer en chasse gardée.


Aires protégées : la conservation à quel prix ?

C'est dans l'aire. Pour sauvegarder le vivant, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) milite pour la création d’aires protégées ; un principe qui ne convainc pas tout le monde.

Pour l'UICN, une aire protégée est un « espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autres, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associées ». La naissance de ces zones précède celle de l'UICN, en 1948 à Fontainebleau. Un choix de lieu pas anodin, puisqu'il s'agit de la première réserve naturelle officiellement créée, en 1861. 

Depuis, les aires protégées sont considérées par l'UICN comme « le principal pilier des stratégies de conservation de la biodiversité ». L'organisation les classe en sept catégories : réserve naturelle intégrale, zone de nature sauvage, parc national, monument naturel, aire de gestion des habitats/espèces, paysage terrestre/marin protégé et zone de gestion de ressources protégées.

Les aires protégées et les autres mesures de protection de la nature dans le monde en septembre 2021. En vert, les aires protégées terrestres, en bleu, les zones de protection marines et côtières. © UNEP-WCMC

Aujourd'hui, les aires protégées représentent plus de 17 % de la surface terrestre et 8 % des eaux côtières et des océans (

L'impact de ces aires sur les populations locales est toutefois remis en question. En amont du congrès de l'UICN, l'ONG Survival International a organisé à Marseille un contre-sommet pour interpeller sur la nécessité de « décoloniser la conservation de la nature ». Comme l’a expliqué à Vert sa responsable, Fiore Longo, la protection de la nature est « liée au passé colonial et continue de reproduire cette logique », en excluant des populations autochtones de zones qu'elles habitent, « alors qu'elles ont un rôle essentiel dans la protection de la nature ». Survival International a par exemple alerté sur les violations des droits humains subies par les populations vivant dans le bassin du Congo, où WWF portait un projet d'aire protégée (Le Monde).

Pour en savoir plus sur ce sujet, lisez L'invention du colonialisme vert de Guillaume Blanc (2020), dont Vert avait fait la chronique.

L’été 2021 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe, selon les données publiées mardi par Copernicus, programme européen d’observation de la Terre. La température moyenne relevée entre juin et août a été supérieure de 0,96 °C aux normes de saison observées entre 1991 et 2020, dépassant légèrement les précédents records des étés 2010 et 2018. - Libération

• Mardi, l'ONU a rejeté la demande de report de la 26ème conférence des parties de l'ONU sur les changements climatiques (COP26) prévue à Glasgow, réclamée le même jour par Climate Action Network, qui regroupe plus de 1 500 ONG. À deux mois de l'échéance, celles-ci estiment « impossible » la tenue d'une réunion en présentiel « inclusive et juste », étant donné « l’échec à soutenir l’accès aux vaccins à des milliers de personnes dans les pays pauvres, les coûts en hausse des voyages et du logement et […] l’incertitude sur l’évolution de la pandémie de Covid-19 ». - Le Monde (AFP)

La viande ne représente que 18 % des calories consommées dans le monde, mais sa production émet 56 % à 58 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole, rapporte l'Atlas de la viande 2021 publié mardi par la Fondation Heinrich Böll, un groupe de réflexion allemand sur la transition sociale et écologique. Cette publication, qui agrège de nombreuses données issues d'organismes internationaux ou d'ONG, révèle également que la consommation de viande a doublé en 20 ans. - Le Monde (abonnés)

Coup de chaud sur le corail

Le corail va mauvais train. Elles font partie des plus belles merveilles du monde et abritent 25 % de la biodiversité marine. Pourtant, les barrières de corail sont en voie d'extinction dans plusieurs coins du globe.

En décembre, l'UICN classait pour la première fois la Grande barrière de corail en « danger critique » pour sa conservation. Située au large de l'Australie, elle s'étend sur 2 300 kilomètres et est considérée comme la plus grande structure créée par des organismes vivants. Les coraux sont constitués de milliers de polypes, des petits organismes qui sécrètent chacun un exosquelette et s'agglomèrent en colonies qui forment des récifs.

Qu'est-ce qui les menace ? Le réchauffement climatique, qui provoque l'acidification des océans. Ce phénomène occasionne des bouffées de stress qui cassent la symbiose créée entre les coraux et des algues qui s’agrègent à eux et leur donnent leur couleur et leur énergie. Le corail blanchit alors et se désintègre progressivement. Autrefois rarissimes, les épisodes de blanchissement massif se multiplient : la Grande barrière de corail en a subi trois au cours des cinq dernières années (20 Minutes). La surpêche, le tourisme massif ou le rejet de produits chimiques mettent également en jeu la survie des coraux. La conséquence ? Une menace de disparition qui se répercute sur les 100 000 espèces végétales et animales que les coraux abritent (Coral Guardian). Parmi celles-ci, les poissons et crustacés dont dépendent certaines populations humaines pour se nourrir.

Deux poisson-papillons d'Ulietéa à double selle à travers la grande barrière de corail au large de l'Australie © Wise Hok Wai Lum

La France recèle 10 % des récifs de coraux mondiaux. Sans grande surprise, l'intensité des pressions qui pèsent sur eux « est souvent dépendante de la densité de la population » à proximité, écrit dans son rapport 2020 l'Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor), un organisme qui dépend des ministères des Outre-mer et de la Transition écologique. C'est le cas en particulier de ceux situés dans les Antilles, à Mayotte et à la Réunion (Office français de la biodiversité et Comité français de l'UICN).

Des quotas qui sauvent le thon

Les thons ont la pêche. Quatre espèces de thons pêchés commercialement sont « en bonne voie de rétablissement » grâce à l’application de quotas de pêche régionaux appliqués depuis une décennie

C'est ce qu'a révélé l'actualisation de la « liste rouge » des espèces menacées faite par l’UICN à l'occasion du congrès mondial à Marseille. Une lutte plus efficace contre la pêche illégale mise en place par certains pays a aussi contribué à aider ces espèces à se relever (UICN).

Les espèces concernées sont le thon rouge de l’Atlantique (passé de la catégorie « en danger » à « préoccupation mineure »), le thon rouge du Sud (passé de « en danger critique » à « en danger »), le thon blanc et le thon albacore (passés de « quasi menacés » à « préoccupations mineures »). Une « preuve que les approches de pêche durable fonctionnent, avec d'énormes avantages à long terme pour les moyens de subsistance et la biodiversité », a déclaré Bruce B. Collette, président du groupe de spécialistes des thons et espadons à l'UICN. L'instauration depuis 2007 de quotas divisant par quatre le nombre de captures possibles de thon rouge au niveau mondial a donc eu des répercussions positives (AFP).

Un banc de thons jaunes (ou Albacore) © naturepl.com / Doc White / WWF

Malgré cette bonne nouvelle, l'UICN alerte sur les « pressions croissantes » qui pèsent sur l'ensemble de la vie marine et sur le fait que « de nombreux stocks régionaux de thon restent gravement appauvris ». La plus petite population autochtone du thon rouge dans l’Atlantique, qui nage dans le golfe du Mexique, a par exemple diminué de plus de moitié au cours des quatre dernières décennies. 

Les semences : une diversité cruciale

Grains de folie. Aujourd'hui débute la « Semaine des semences paysannes », avec des événements organisés un peu partout en France par le Réseau Semences Paysannes. Envie de mieux comprendre ce qui distingue ces semences des autres ? L'émission Xenius d'Arte s'est intéressée de près à la fabrication de ces graines qui permettent de faire pousser fleurs et légumes tout en favorisant le développement de la biodiversité. Elle a suivi en Allemagne les actions de l'Institut Leibniz de recherche sur la génétique végétale et les plantes cultivées et l'activité d'une ferme produisant ces semences anciennes, qui permettent le développement de variétés plus résistantes aux changements climatiques.

© Arte